Le chef de file des gynécos engendre une polémique sur l'IVG

Bertrand de Rochambeau assure que "la loi (le) protège". © MIGUEL MEDINA / AFP
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avec AFP , modifié à

Le président du Syndicat national des gynécologues a déclaré mardi dans "Quotidien" considérer l'avortement comme un homicide, soulevant les critiques d'associations. 

"Prosélytisme" et "entrave à l'IVG" : le président du Syndicat national des gynécologues (Syngof), Bertrand de Rochambeau, est vivement critiqué par des militants féministes et laïques après avoir justifié son refus de pratiquer l'interruption volontaire de grossesse, qu'il considère comme un "homicide". "Nous ne sommes pas là pour retirer des vies", déclare Bertrand de Rochambeau dans un reportage diffusé mardi sur TMC.

"Un homicide". Lorsque la journaliste de l'émission Quotidien lui objecte que "ce n'est pas un homicide de faire une IVG", le président du Syngof répond : "Si, madame." Avant d'ajouter, dans un autre extrait de cet entretien : "En tant que médecin, je ne suis pas forcé d'avoir votre opinion et, si je ne l'ai pas, la loi me protège et ma conscience aussi."

"Entrave aux droits des femmes". De fait, selon l'article L2212-8 du Code de la santé publique, "un médecin n'est jamais tenu de pratiquer une IVG", de même qu'"aucune sage-femme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu'il soit, n'est tenu de concourir" à cet acte médical. En cas de refus, le médecin doit cependant "communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention". "Scandaleux !", a réagi sur Twitter la coprésidente du planning familial, Véronique Séhier, pour qui "la clause de conscience est une entrave aux droits des femmes et à leur santé".

Le Collectif national pour les droits des femmes a pour sa part estimé, sur le même réseau social, que Bertrand de Rochambeau "fait ouvertement de la pub aux lobbys anti-IVG". "Il s'agit de prosélytisme anti-IVG, ce qui de la part du président du Syngof est scandaleux !", a protesté Christian Gaudray, président de l'Union des familles laïques (Ufal). Le rapporteur général de l'Observatoire de la Laïcité, Nicolas Cadène, a également souligné qu'"un refus d'un médecin ne peut s'accompagner d'une quelconque pression ou de prosélytisme religieux".

"Ne pas retirer leur conscience aux médecins". De son côté, le Syngof avait affirmé dans un communiqué début août que "ce n'est pas en retirant leur éthique et leur conscience aux médecins que la nation permettra un égal accès à l'avortement pour les françaises qui le demandent". Ce syndicat revendique "1.600 adhérents à jour de cotisation", soit moins d'un quart des 6.748 gynécologues recensés en 2017 par l'Ordre des médecins.

Des propos "fermement" condamnés par Buzyn et Schiappa. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et la secrétaire d'État à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, ont condamné "fermement" mercredi les propos du président du Syngof.

"L'IVG est un droit trop souvent menacé pour lequel il convient de ne relâcher aucun effort", affirment-elles dans un communiqué. "Si les médecins ont effectivement le droit de refuser de pratiquer un IVG, ils ont, en revanche, l'obligation d'orienter la patiente vers un autre praticien ou une structure qui répondront à sa demande", rappellent-elles. "L'IVG doit être un droit réel (...). Rien ni personne ne doit l'entraver", ajoute Agnès Buzyn. "Nous ne devons laisser passer aucune attaque (...) contre le droit des femmes à accéder librement à l'avortement", insiste Marlène Schiappa.