L’Anses retire du marché un fongicide dangereux pour l’homme

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Environ 200 tonnes de cette substance active sont commercialisées chaque année en France. © MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
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avec AFP
L'époxiconazole, qui sert à prévenir et traiter les parties aériennes des végétaux contre les champignons, présente un "danger préoccupant" pour l'homme, estime l'agence sanitaire Anses.

L'agence sanitaire Anses a retiré mardi l'autorisation de mise sur le marché de tous les produits à base d'époxiconazole, fongicide largement utilisé dans l'agriculture qui présente un "danger préoccupant" pour l'homme en raison de son "caractère perturbateur endocrinien".

Un pesticide utilisé sur environ 50% des surfaces céréalières

L'époxiconazole, qui sert à prévenir et traiter les parties aériennes des végétaux contre les champignons, est utilisé en France sur environ 50% des surfaces céréalières (blé, orge, seigle, avoine), et 70% des surfaces de betteraves, selon l'agence.

La substance est déjà considérée comme un "cancérogène suspecté" et est "présumée toxique" pour la reproduction humaine. Mais après l'adoption fin 2017 d'une nouvelle réglementation européenne sur les perturbateurs endocriniens, l'Anses s'est "autosaisie sans délai" pour l'évaluer sur cet aspect. "Un guide publié en juin 2018 au niveau européen établit les critères scientifiques pour dire si une substance active est perturbateur endocrinien ou non (...) Sur la base du nouveau guide, on peut établir et confirmer que (l'époxiconazole) est perturbateur endocrinien", a expliqué à l'AFP Caroline Semaille, directrice générale déléguée de l'Anses.

La substance active, dont environ 200 tonnes sont commercialisées chaque année en France, présente "un danger préoccupant pour l'Homme et l'environnement", a insisté l'agence dans un communiqué.

Inquiétude autour des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens, composés chimiques présents dans de nombreux produits de consommation courante (jouets, tickets de caisse, plastiques, produits phytosanitaires) sont encore mal connus. Mais la liste des maux qui leur sont attribués est longue (problèmes de fertilité, croissance, comportement, origine possible de certains cancers...), alimentant l'inquiétude de la population et des ONG.

La réglementation européenne adoptée difficilement en 2017, et qui ne satisfait pas les ONG, ne concerne que les produits sanitaires et biocides. Et "tous les produits passeront à travers les fourches caudines" du nouveau guide, a assuré Caroline Semaille, précisant que l'Anses avait choisi de se pencher en premier sur l'époxiconazole en raison notamment de son usage important et des suspicions pesant sur la substance.