"Laisser la France sur le palier" : une journaliste raconte le repli communautariste turc

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Ugo Pascolo , modifié à
Invitée d'Europe Soir, la journaliste Claire Koç, auteure du livre "Claire, le prénom de la honte", revient sur la façon dont sa cité d'enfance, et ses parents, se sont peu à peu repliés sur eux-mêmes. Si ces derniers étaient à leur arrivée en France ouvert à la culture tricolore, ils ont fini par élever leur fille "comme une turque". 

Un livre pour raconter un "coming out identitaire" et dénoncer un repli communautariste. Originaire de Turquie, Cigdem Koç aime la France. En 2008, elle décide donc de faire une demande de naturalisation et devient Claire Koç, un changement que n'ont pas supporté ses proches. Invitée d'Europe 1 à l'occasion de la sortie de son livre Claire, le prénom de la honte, la journaliste raconte comment son entourage l'a rejetée depuis qu'elle est officiellement française, mais aussi comment elle a vu ses parents et son quartier d'enfance se replier sur leur communauté. 

Un repli identitaire

Lorsque les parents de Claire Koç arrivent en France il y a une trentaine d'année, ils ont pourtant la volonté de s'intégrer à la société française. "On fêtait l'Epiphanie sans connotation religieuse, on adoptait les codes de la culture française", explique la journaliste. Mais peu à peu, les choses vont changer. "Petit à petit, la cité dans laquelle on vivait s'est vidée des références culturelles françaises." Une "pression" se met alors en place, selon Claire Koç. "Moins vous avez besoin de parler français, plus vous vous refermez sur votre communauté." La France "existait à la pharmacie et à la poste", mais ces lieux ont été remplacés par "des commerces communautaires dans lesquels on ne trouvait pas de produits français".    

"Quand je rentrais à la maison j'étais en Turquie" 

Élevée comme "une turque sur tous les plans de [sa] vie", Claire Koç voit ce repli se faire encore plus pressant au début des années 1990 avec l'arrivée de la parabole. "Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, l'émission Champs-Élysées présentée par Michel Drucker, ou encore 7 sur 7 d'Anne Sinclair... Tout ça a disparu" pour laisser place à des programmes turcs, se souvient-elle. "Quand j'allais à l'école j'étais en France, mais quand je rentrais à la maison j'étais en Turquie. Je devais laisser la France sur le palier."

Officiellement Française depuis 2008, Claire Koç se heurte toujours aujourd'hui à l'incompréhension de ses parents. "Ils ne me parlent plus", indique-t-elle. Mais la journaliste explique être "très apaisée là-dessus". "Je pense qu'un jour ils trouveront peut-être l'apaisement, et qu'ils reviendront vers moi."