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Clara Guilliet
Critiquée par le pape François, la laïcité à la française est défendu mercredi sur Europe 1 par Nicolas Cadène, rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité.

"On doit pouvoir confesser sa foi, non pas à côté mais au sein de la culture. La petite critique que j'adresserais à la France est d'exagérer la laïcité". Les mots sont du pape François, sur un débat qui cristallise les passions, celui de la laïcité et des questions religieuses dans la société. Faut-il pour autant y voir une remise en cause du modèle français par l'Eglise. "Non", répond Nicolas Cadène, rapporteur de l'Observatoire de la laïcité.

"Je ne pense pas qu'il critique la loi de 1905." "La laïcité ne doit pas être un outil politique." C'est sans doute comme cela qu'il faut comprendre la critique du pape François, explique Nicolas Cadène. "Dans le débat publique, il y a une certaine instrumentalisation de la laïcité. On s'en sert contre certaines confessions, en particulier musulmane. C'est sans doute ça qu'a voulu dire le pape François. Il y a une exagération de la laïcité lorsqu'on s'en sert contre une religion." Nicolas Cadène conclut que la laïcité n'est ni de droite ni de gauche et ne doit pas être un outil politique. "Il y a une mauvaise interprétation par certains de ce concept, qui peut découler de mauvaises déclarations par la classe politique." Le pape critique donc un usage de la laïcité plus que le concept en lui-même. "Je ne pense pas qu'il critique la loi de 1905. Il parle aussi de l'intérêt d'un Etat laïque dans ce discours. Et il dit bien que les Etats confessionnels finissent souvent mal." 

Un outil de liberté religieuse. La France définit la laïcité comme la liberté de croire ou de ne pas croire et d'exprimer sa foi dès lors qu'on respecte l'ordre public et qu'on ne l'impose pas à l'autre. "La laïcité n'est pas l'adversaire des religions. L'Etat laïque est indifférent aux religions en France", continue Nicolas Cadène. Il compare la France à la Belgique ou à la Turquie, "qui sont des Etats laïques très différents. En Turquie, on contrôle les religions par exemple."

La laïcité en France permet donc le port d'une kippa, d'un voile ou d'une croix, rappelle Nicolas Cadène. "Sauf pour les fonctionnaires qui ne représentent pas leur propre personne mais l'Etat. Il y a une nuance aussi pour les écoles. Les élèves n'ont pas le droit d'afficher leur appartenance religieuse par un signe ou par une tenue parce qu'on considère que dans phase de leur vie, ils doivent apprendre à se faire leurs propres convictions librement, donc sans aucune pression d'aucune sorte."