Julien entame une cure pour traiter son alcoolisme : "Je vais me sauver la vie"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Buvant jusqu’à dix bières par jour, Julien a décidé d’entamer une post-cure de six semaines pour traiter son alcoolisme, dont il souffre depuis l’âge de 20 ans. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Julien explique redouter cette cure, mais se sentir prêt à traiter son alcoolisme.
TÉMOIGNAGE

Julien a 31 ans et boit depuis l’âge de 20 ans. Parfois, il buvait plus de dix bières par jour et commençait à boire dès le matin. Il s’est rendu compte qu’il consommait de l’alcool dès qu’il entamait une relation amoureuse. Julien a eu un déclic et a décidé d’entamer une post-cure de six semaines pour traiter son alcoolisme. C’est depuis sa chambre d’hôpital, où il effectue son sevrage physique avant d’entamer la cure, que Julien a appelé Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1.

"J’ai un problème d’alcool depuis l’âge de 20 ans. Je vais entamer une post-cure. Je m’en suis rendu compte vraiment tard, j’ai 31 ans. Au début, c’était de l’alcool festif, je me le cachais vraiment. Je me suis rendu compte qu’à chaque fois que j’entamais une relation amoureuse, je me mettais une pression et je commençais à consommer. Ça se passe toujours dans des termes amoureux et sentimentaux. Pendant le confinement, je parlais par messages avec une fille. La première chose que j’ai faite avant de la voir, c’est consommer quelques bières.

" Ça m’est déjà arrivé de commencer à boire le matin "

Socialement, tout va bien. Je ne suis pas timide, je parle librement, ça m’arrive même de parler avec des inconnus. Mais dès que je dois rencontrer une fille, la pression est là. J’ai mis mon corps à rude épreuve, j’ai pu boire plus de dix bières par jour. Ce sont de grosses canettes de bière Bavaria 8.6. Elle s’appelle 8.6, parce qu’elle contient plus de huit degrés d’alcool. À la fin du confinement, j’en buvais cinq ou six d’affilée.

Je vis toujours chez ma mère à 31 ans, parce que je suis rentré de voyage. J’ai été obligé d'habiter chez elle avant de trouver un appartement. Ça impacte aussi ma mère, parce qu’elle me voit de plus en plus défiguré. Je commence à boire à 14 heures, mais ça m’est déjà arrivé de commencer à boire le matin à 10 heures. Ça rend le sommeil faible. On se réveille de mauvaise humeur, sans but, et d’autant plus pendant le confinement.

" Ça m’a fait prendre 15 kilos en deux mois "

Ça m’a tabassé. Ça m’a fait prendre 15 kilos en deux mois alors que je fais du sport et suis actif. Ces dix bières par jour, c’était l’ennui, un réflexe. J’ai eu un début de déclic, parce que je buvais une bière et ça ne me faisait plus rien. C’est ce qui m’a amené en post-cure. Pour accéder à cette post-cure, il faut faire un sevrage physique. Il ne faut pas boire pendant une semaine, chose que je suis en train de faire dans ma chambre d’hôpital.

Cela va faire cinq jours que je n’ai pas bu. Je n’ai pas de signes de manque parce qu’ils donnent des traitements. J’ai juste des problèmes de sommeil. Ensuite, direction Royan pour une post-cure de six semaines. Mentalement, je me sens prêt. J’ai hâte d’en finir parce que j’ai 31 ans et je n’ai pas envie de finir à 50 ans sur le trottoir avec ma 8.6 et sans avenir.

Ça me fait peur, parce que je ne sais pas du tout à quoi m’attendre. J’ai peur qu’ils creusent dans mon enfance. Mon père buvait aussi. Certains disent que c’est héréditaire. J’ai peur de craquer. Depuis que je bois, j’ai enterré des choses et ça va être déterré. J’ai peur que ça soit trop violent. Je pense que j’ai peur de l’avenir parce que j’ai réalisé un peu trop tôt mes rêves. J’ai fait tout ce que je voulais à 30 ans. C’est bien, mais je me retrouve sans but et j’ai besoin d’un but pour avancer. Je vais me sauver la vie. J’adore la vie, je la croque."