Bertrand Périer 3:56
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Solène Delinger , modifié à
L'avocat Bertrand Périer, spécialiste de la prise de parole en public, était l'invité d'Europe 1 ce mardi matin. Au micro de Sonia Mabrouk, il a estimé qu'il était nécessaire, pour réenchanter la politique dans son ensemble de "réenchanter le langage politique" en se débarrassant des éléments de langage fades et répétitifs. 
INTERVIEW

Bertrand Périer, spécialiste de l'éloquence, croit au pouvoir de la parole, notamment en politique. Selon lui, il est nécessaire de "réenchanter le langage politique", qui a perdu toute nuance. Les hommes et femmes politiques s'adonnent à de la "gonflette oratoire" pour impressionner leur auditoire, quitte à perdre toute sincérité. 

Eloge de la nuance

"On est là juste pour impressionner. On est là pour faire des punchlines parce que le langage politique est finalement aujourd'hui un succédané du langage des réseaux, il faut parler en 240 caractères. Il faut parler par une formule frappante. Il faut parler pour terrasser l'autre et donc il n'y a pas d'écoute. Il n'y a pas de vrai dialogue, il n'y a pas de nuance", déplore Bertrand Périer sur Europe 1. L'avocat porte aux nues la nuance, qui nécessite un véritable courage " parce qu'il est beaucoup plus facile de dessiner une caricature que de dessiner un portrait".

Polarisation du débat

Dans son dernier ouvrage Sauve qui parle: Quand la parole change la vie, Bertrand Périer dénonce notre époque, une "époque d'hystérisation du débat attisé par les réseaux sociaux où règnent les paroles vindicatives et les formules chocs et polémiques". Cette dérive est encore plus palpable aujourd'hui, à l'aube de l'élection présidentielle. "On est au début de la campagne électorale et évidemment, le débat est très polarisé", affirme-t-il sur Europe 1. L'avocat prend l'exemple d'une formule "le mur de l'impôt" qui, selon lui, fait partie des formules qui "ne veulent pas dire grand chose". 

"C'est juste des anathèmes, des invectives et je trouve qu'on n'a pas à y gagner. Et d'ailleurs, paradoxalement, les Français dans les sondages d'opinion n'aiment pas beaucoup ça. Les Français préfèrent le langage mesuré", conclut-il.