Haute-Pyrénées : une réunion prévue vendredi en préfecture après la construction d'un mur anti-migrants

Les acteurs du projet d'accueil et les opposants sont invités à la réunion prévue vendredi à la préfecture des Hautes-Pyrénées pour trouver un accord avant que les migrants arrivent le 2 août.
Les acteurs du projet d'accueil et les opposants sont invités à la réunion prévue vendredi à la préfecture des Hautes-Pyrénées pour trouver un accord avant que les migrants arrivent le 2 août. © AFP
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avec AFP
Les acteurs du projet d'accueil et les opposants sont invités à la réunion prévue vendredi à la préfecture des Hautes-Pyrénées pour trouver un accord avant que les migrants arrivent le 2 août.

Une réunion est prévue vendredi à la préfecture des Hautes-Pyrénées après la construction lundi par des riverains d'un mur bloquant l'accès à un hôtel destiné à accueillir des demandeurs d'asile, près de Tarbes, a indiqué mardi la préfecture. Afin de "mettre fin au plus vite à cette situation de blocage, et en parallèle des éventuelles actions juridiques que les uns ou les autres pourraient engager", la préfecture "a ouvert des discussions avec l'ensemble des parties", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Une réunion doit rassembler vendredi matin les opposants au projet, l'Adoma (ex-Sonacotra) qui doit gérer le centre d'accueil des demandeurs d'asile, la commune et les autorités préfectorales.

La remise des clefs, reportée à une date ultérieure. Ce mur de près de 2 mètres de haut et 18 m de long "a été édifié sur une propriété privée, avec l'accord du propriétaire", et "a pour effet d'enclaver complètement la parcelle de l'hôtel", rappelle la préfecture, qui relève que "l'hôtel est vide" et qu'"aucun trouble à l'ordre public n'est pour le moment engendré par cet état de fait". Situé à Séméac, commune de 5.000 habitants de la banlieue de Tarbes, cet hôtel Formule 1 fait partie des 62 établissements premier prix du groupe AccorHotels rachetés par la SNI (filiale de la Caisse des Dépôts) pour devenir des structures d'hébergement et d'accueil, gérées par Adoma. La remise des clefs entre AccordHotels et l'Adoma, prévue mardi matin, a été reportée à une date ultérieure, selon la préfecture. Ce nouveau dispositif d'hébergement de migrants dans des hôtels à bas coûts, à l'initiative du ministère de l'Intérieur, a commencé à faire des vagues dans certaines communes. Mais c'est la première fois qu'une action aussi symbolique est entreprise par des riverains.

Les migrants devaient arriver le 2 août. Les opposants au projet, regroupés dans le "Collectif Séméac", ont de nouveau défendu, dans un communiqué, leur action : "C'est un symbole qu'a volontairement choisi l'association pour attirer l'attention sur le procédé opaque des pouvoirs publics qui placent la commune et ses habitants devant le fait accompli". "Un tel projet exige de la préparation et de la pédagogie pour offrir aux réfugiés un accueil digne de ce nom. Non, l'association 'Collectif Séméac' n'est pas contre l'accueil des migrants! Son action n'est pas dirigée contre eux!" selon le texte. "Elle est destinée à alerter les pouvoirs publics sur la méthode employée, inappropriée, et peut-être dangereuse à court et moyen terme", a insisté le collectif. L'hôtel a une capacité d'accueil de 85 personnes. Les demandeurs d'asile, dont environ la moitié d'enfants, devaient arriver le 2 août. Mais les travaux pour adapter l'hôtel à leur venue n'ayant pas encore débuté, ils sont désormais attendus courant août.

Des réactions politiques divisées. La présidente de la région Occitanie Carole Delga (PS) a réagi mardi dans un tweet: "Le mur anti-migrants ne correspond pas aux valeurs de l'Occitanie. Concertation des habitants et soutien de l'État sont nécessaires."

La sénatrice EELV du Val-de-Marne Esther Benbassa a également fait part de sa consternation sur Twitter: "Détestable symbole. Érigé pour empêcher la venue des migrants, ce mur en rappelle bien d'autres, hélas."

Lundi, la députée européenne du Sud-Ouest, Marie-Pierre Vieu (PCF), avait estimé que ce mur "nous renvoie aux pires heures de notre histoire". "Cette symbolique du mur peut blesser certaines personnes", avait de son côté déclaré le député REM de la 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées, Jean-Bernard Sempastous. Au contraire pour le député des Pyrénées-Orientales et vice-président du FN Louis Aliot, "la résistance s'organise".