Guinéen tué près de Rouen : la garde à vue du suspect levée pour raison médicale, une information judiciaire ouverte

Le suspect interpellé est connu pour des affaires de stupéfiants ainsi que pour des antécédents psychiatriques. © JEFF PACHOUD / AFP
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Un Turc âgé de 29 ans a été interpellé lundi matin à Rouen, trois jours après l'agression mortelle d'un enseignant-chercheur guinéen, près de Rouen. Connu des services de police, le suspect présente des "antécédents psychiatriques".

Un homme soupçonné d'être l'auteur de l'agression mortelle qui a tué Mamoudou Barry, un enseignant-chercheur guinéen près de Rouen, a été interpellé lundi, a-t-on appris de source policière, confirmant une information de LCI. Mais sa garde à vue a été levée pour raison médicale. Une information judiciaire a par ailleurs été ouverte auprès d'un juge d'instruction du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec la circonstance que les faits ont été commis à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée de la victime à une ethnie ou une nation, une prétendue race ou religion déterminée. 

Un Turc avec des "antécédents psychiatriques"

Selon les informations d'Europe 1, le suspect est né en 1990. Interpellé à Rouen, lundi à 9h30, il présente des "antécédents psychiatriques" et était sous curatelle forcée. Il est également connu des services de police pour des infractions à la législation sur les stupéfiants. Dans un premier temps, des sources policières avaient indiqué que le suspect était de nationalité turque. Mais le procureur de Rouen, Pascal Prache, a précisé dans l'après-midi que cette personne était de nationalité française. 

"C'est un petit voyou connu pour des délits mineurs, comme de stupéfiants", a indiqué une autre source policière. "Il a été identifié sur la base de l'exploitation de vidéos et de témoignages", a ajouté cette source, précisant que le suspect était originaire de Canteleu, dans la banlieue de Rouen, où s'est déroulée l'agression, mais n'y habite plus. 

D'après une source policière, il portait "un maillot du club turc de Galatasaray" au moment des faits, qui ont eu lieu vers 20h20, peu avant la finale de la Coupe d'Afrique des Nations entre l'Algérie et le Sénégal. Le procureur de Rouen Pascal Prache, qui avait confirmé l'interpellation et la garde à vue d'un suspect, a indiqué en début d'après-midi qu'"à la suite de l'examen médical, la garde à vue allait être levée" et le suspect "hospitalisé".

Une agression a priori raciste

Un ami proche de la victime avait expliqué que l'agresseur avait pointé du doigt le jeune chercheur de 31 ans, présent dans sa voiture en compagnie de sa femme, en disant : 'Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir'". Le père de famille, enseignant à l'Université de Rouen, a ensuite été roué de coups de poings et de bouteilles, avant de mourir des suites de ses blessures samedi.

Qualifiée de "raciste" par ses proches, l'agression a provoqué l'émoi et de nombreuses réactions politiques, dont beaucoup évoquaient un voire plusieurs "supporters algériens". "Il faut vraiment que les enquêteurs fassent leur travail pour étudier les liens et les motifs qui ont conduit, d'abord à ces propos racistes, et ensuite à cette agression qui a conduit à l'assassinat de Mamoudou Barry", avait nuancé l'avocat de la famille, Me Jonas Haddad, lundi matin auprès d'Europe 1. "Rien ne permet d'établir que c'est en lien avec la finale de la CAN. Rien ne permet de dire aussi qu'il a été agressé par un supporteur algérien", a-t-il ajouté. Une marche blanche doit être organisée vendredi. 

Une information judiciaire ouverte

Dans la soirée, le procureur de Rouen Pascal Prache a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec la circonstance que les faits ont été commis à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée de la victime à une ethnie ou une nation, une prétendue race ou religion déterminée". Cette infraction de nature criminelle "fait encourir une peine de 20 ans de réclusion".