Grippe aviaire "hors de contrôle" dans le Sud-Ouest : des abattages massifs attendus

Face à la flambée du nombre d'élevages contaminés par la grippe aviaire dans le Sud-Ouest, des professionnels du foie gras poussaient jeudi les autorités sanitaires à procéder à des abattages préventifs.
Face à la flambée du nombre d'élevages contaminés par la grippe aviaire dans le Sud-Ouest, des professionnels du foie gras poussaient jeudi les autorités sanitaires à procéder à des abattages préventifs. © AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Les autorités sanitaires vont prochainement étendre les abattages préventifs de canards dans le Sud-Ouest de la France pour tenter de contenir la flambée des cas de grippe aviaire. Selon le président de la section palmipèdes FNSEA des Landes la situation est "hors de contrôle". 

Un "constat d'impuissance" devant une situation devenue "hors de contrôle" : face à la flambée du nombre d'élevages contaminés par la grippe aviaire dans le Sud-Ouest, des professionnels du foie gras poussaient jeudi les autorités sanitaires à procéder à des abattages préventifs de canards plus massifs. "Nous demandons un vide sanitaire [une période sans animaux dans les élevages, nldr], on voit que la situation est hors de contrôle, qu'on ne maîtrise plus le virus. Il n'y a pas d'autre solution", a déclaré Hervé Dupouy, éleveur à Castelnau-Tursan et président de la section palmipèdes FNSEA des Landes.

"On dépeuple [abat préventivement les canards, nldr] dans l'ensemble du département, et après on fait un vide sanitaire et dans deux mois, on peut remettre des animaux et recommencer à produire", a-t-il plaidé, pestant contre la "lenteur de l'administration", selon lui "phénoménale". Du côté de l'interprofession du foie gras Cifog, on rapporte que la décision d'étendre les abattages préventifs est attendue très prochainement.
"On attend l'évolution de la stratégie de lutte" contre l'épizootie "puisque la stratégie de dépeuplement n'est pas suffisante", a déclaré sa directrice, Marie-Pierre Pé.

"On a un virus qui est plus fort que nous"

Jusqu'ici, les autorités font abattre tous les palmipèdes dans un périmètre de trois kilomètres autour des foyers identifiés. Les autres volailles comme les poulets et les dindes sont aussi censées être abattues dès lors qu'elles ont accès au plein air.  "On a un virus qui est plus fort que nous. Il y a toujours de nouveaux foyers qui apparaissent", a déploré Marie-Pierre Pé, estimant à une centaine le nombre de foyers recensés en France, concentrés dans le Sud-Ouest, berceau traditionnel du foie gras.

Le dernier bilan communiqué par le ministère de l'Agriculture, arrêté au 1er janvier, faisait état de 61 foyers confirmés d'influenza aviaire (communément appelée grippe aviaire) dans des élevages et animaleries, dont 48 dans le seul département des Landes. Interrogé mercredi, le ministère ne souhaitait pas faire de commentaire dans l'immédiat.

Marie-Pierre Pé a dressé un "constat d'impuissance" devant l"inflation galopante" des foyers et des suspicions de contamination et "un virus qui va plus vite que nous". Lors des hivers 2015-16 et 2016-17, des épisodes d'influenza aviaire avaient entraîné l'abattage de millions de canards et des arrêts prolongés de production. La filière avait dû investir pour renforcer la biosécurité. Ces investissements se comptent "en centaines de milliers d'euros" sur le bassin de la Chalosse, dans les Landes, là même où l'influenza fait à nouveau rage actuellement, selon la directrice du Cifog.

Une souche repérée mi-novembre en France

Au total, selon Mme Pé, "plus de 5 millions" de palmipèdes sont en cours d'élevage pour leur foie gras dans une large zone de production à cheval sur les Landes, le Gers et les Pyrénées-Atlantiques. Le Cifog avait appelé mercredi à "un renforcement des moyens humains des services de l'État sur le terrain afin d'accélérer" la lutte contre l'épizootie.
La souche H5N8 de l'influenza aviaire, qui sévit aussi dans le reste de l'Europe, a été repérée en France mi-novembre, et pour la première fois dans un élevage début décembre, déclenchant notamment un embargo de la Chine à l'égard des volailles françaises. La France espère conclure prochainement avec la Chine un accord pour continuer à lui exporter depuis les territoires restés indemnes. L'impératif est "de gérer vite et bien cette crise, y compris en passant par des mesures radicales, pour montrer [aux pays importateurs] en quoi notre système sanitaire est efficace et permet de circonscrire la maladie", soulignait mercredi Isabelle Chmitelin, la directrice générale de Chambres d'agriculture France.