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Romain David , modifié à
Interrogé au micro d'Europe 1, le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme estime que l'on ne pourra faire reculer le nombre de femmes abattues sous les coups d'un conjoint qu'avec des mesures préventives, fondées notamment sur "la médiation" et "l’écoute psychologique".
INTERVIEW

En marge du Grenelle des violences conjugales, Edouard Philippe, le Premier ministre, a dévoilé mardi tout un panel de mesures pour renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes. Parmi elles, un renforcement de l’arsenal juridique, avec la mise en place de "procureurs référents spécialisés" dans les tribunaux, ou encore l’expérimentation d’une chambre d’urgence pour accélérer le délai de traitement de ce type de dossier.

Invité de Fabienne Le Moal, sur Europe 1, Me Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, a estimé pour sa part qu’il convenait de mettre l’accent sur les mesures à mettre en place en amont, c’est-à-dire avant qu’un drame se produise. "On parle toujours de répression, avec cette idée extraordinaire qu'il suffirait de punir plus fort et plus vite pour éviter le meurtre. Malheureusement, mon expérience montre que ce n’est pas vrai", déclare-t-il.

"Je ne suis pas certain que la répression face reculer les choses, même s’il faut la faire pour des raisons symboliques, c’est évident", poursuit cet avocat.

"Des moyens de transaction, de médiation, des moyens d’écoute psychologique"

"Je pense à toutes ces femmes battues que j’ai vues dans mon cabinet. Ces femmes qui n’osent pas, ou qui ne veulent pas, qui posent le problème : ‘Mes enfants aiment leur père, pourquoi priverai-je mes enfants de leur père ? Il me bat. Il faut trouver une solution'", rapporte-t-il.

"Il doit y avoir des solutions, et la justice doit s’en occuper, pas forcément avec de la répression, mais avec des moyens de transaction, de médiation, des moyens d’écoute psychologique", énumère Henri Leclerc. "Ça existe en partie, mais je crois qu’il faut l’améliorer."

Évoquer le "féminicide" dans la loi ? "C’est un homicide comme les autres"

Par ailleurs, cet ancien proche de Martine Aubry réfute l’emploi du terme "féminicide". "Je pense que c’est un homicide comme les autres", explique Henri Leclerc. "Cette idée de dire que le meurtre de la femme devrait avoir un nom spécial… Autrefois il y avait l’infanticide, maintenant on ne parle plus que d’homicide d’enfant. C’est tout. [De la même manière] on parlera de l’homicide du conjoint", conclut-il.