"Gilets jaunes" - Jean-Louis Etienne : "L’exigence économique prime tout le temps sur l’exigence environnementale"

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Aurélie Dupuy , modifié à
Invité dimanche du Grand rendez-vous d'Europe 1, le médecin explorateur regrette un mode de vie trop tourné vers la consommation mais espère aussi davantage de justice sociale.
INTERVIEW

Après des dizaines d’expéditions à la surface du globe, et notamment aux pôles, le médecin Jean-Louis Etienne était l'invité du Grand Rendez-vous, dimanche, pour présenter sa future mission, l'exploration de l'océan austral pour mesurer son rôle dans l'équilibre climatique. Au passage, le scientifique a donné sa vision du mouvement des "gilets jaunes" entre besoin de transition écologique et de justice sociale.

"Un jonglage difficile". Alors que la mobilisation des "gilets jaunes" a pris sa source dans la hausse des taxes sur les carburants - avant de s'étendre à des revendications plus générales pour le pouvoir d'achat -, le médecin fait de prime abord un constat : "L'’exigence économique prime tout le temps sur l’exigence environnementale. Il faut que l’on vive. Il faut que tout le monde ait un emploi, que tout le monde s’en sorte", détaille le scientifique, qui déplore néanmoins un "mode de vie excessif en consommation d’énergie, en tout".

Pas très amateur du concept de décroissance, il estime qu'elle peut davantage s'appliquer à chacun qu'à une collectivité. "C'est quelque chose que chacun peut s’appliquer à lui-même sur ses propres choix de vie personnelle. On n’arrive pas à équilibrer des richesses excessives et des pauvretés qui s’étendent. C’est la fiscalité qui peut le faire et en même temps, avec une fiscalité forte, ceux qui payent des impôts vont se barrer. C’est un jonglage difficile", décrit le scientifique qui regrette notamment que le kérosène ne soit pas taxé, tout en reconnaissant que le problème possède une dimension mondiale.

"Rétablir paix économique et sociale". Sur le plan du territoire, il aspire à un retour au calme. "Ce qui est important, c’est de rétablir la paix économique, la paix sociale, de manière à ce que les gens repartent du bon pied en n’ayant pas l’impression de s’être fait avoir après autant de mobilisation."