Fraude à la carte bancaire : la plateforme Perceval démarre fort

La plateforme Perceval permet aux cyberpoliciers d'ouvrir des enquêtes pour remonter jusqu'aux escrocs (image d'illustration).
La plateforme Perceval permet aux cyberpoliciers d'ouvrir des enquêtes pour remonter jusqu'aux escrocs (image d'illustration). © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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Salomé Legrand, édité par Marthe Ronteix , modifié à
Pour lutter contre les fraudes à la carte bancaire qui ont touché plus d'un million de Français en 2017, le ministère a lancé la plateforme Perceval. Trois mois après sa mise en ligne, elle a déjà permis l'ouverture de 17 enquêtes.

La fraude à la carte bancaire a touché 1,2 million de personnes en 2017, faisant trois fois plus de victimes que les cambriolages. Pour lutter contre ces escroqueries, le ministère de l'Intérieur a mis en place une plateforme dédiée, Perceval, en juin dernier. Et le système destiné à faciliter les démarches des victimes et les enquêtes, enregistre déjà des résultats positifs. 

Une plateforme pour simplifier les démarches. La plateforme Perceval, rattachée à la Police de sécurité du quotidien (PSQ), a deux fonctions : conseiller les victimes de fraude dans leurs démarches et permettre aux enquêteurs de rassembler les informations concernant les malfaiteurs. Lancée en juin dernier, Perceval permet de signaler une fraude en ligne.

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La victime reçoit alors un récépissé à transmettre à sa banque pour appuyer sa demande de remboursement, car le système bancaire est présumé responsable de l'ensemble des transactions. À partir de la demande de remboursement, la banque a 30 jours pour rembourser l'intégralité des sommes, y compris les frais bancaires et d'opposition s'ils existent.

Désencombrer les commissariats. Dans un entretien au Point en février, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait assuré que ce dispositif permettrait également d'éviter "des milliers de visites dans les commissariats et les gendarmeries" bien que celles-ci restent toujours possibles. 

Une cyberenquête avant de transmettre à des policiers ou gendarmes de terrain. Jusqu'à présent, les préjudices s'élevant en grande majorité en dessous de 500 euros par victime, étaient trop faibles pour faire ouvrir des enquêtes. Mais désormais, grâce à ces signalements, les enquêteurs peuvent recouper les données et interroger les sites sur lesquels les demandes frauduleuses sont passées pour ensuite remonter jusqu'aux escrocs. 

"Ça nous permet parfois d'avoir une adresse physique, une adresse mail et une adresse IP derrière laquelle on adosse, non plus un fait ou une série de faits sur une victime, mais pour des préjudices très importants", explique le lieutenant-colonel Cyril Piat, membre du centre de lutte contre la criminalité numérique, au micro d'Europe 1 mercredi. 

"Sur la base de ces différentes pistes, on renvoie vers un service de police ou de gendarmerie territorialement compétent qui, lui, va conduire la perquisition à la recherche des objets livrés." Mais lorsqu'ils se rendent aux adresses découvertes, les enquêteurs tombent parfois sur de petits receleurs qui ne font que recevoir les colis et les renvoyer aux réseaux en échange de quelques centaines d’euros, précise le lieutenant-colonel, ce qui peut donner lieu à de longues enquêtes.

Un premier bilan. En à peine trois mois, 17 enquêtes ont été ouvertes dont neuf ont déjà débouché sur les identifications de malfaiteurs. Un chiffre qui devrait continuer à augmenter puisque six gendarmes seront dédiés à temps plein à Perceval à partir de la semaine prochaine.

Par ailleurs, un premier bilan peut être dressé en quatre chiffres : 

  • 17.000 signalements enregistrés
  • 270 signalements par jour en moyenne, surtout les lundi et mardi
  • Environ 8.000 fraudes de moins de 200 euros signalées, mais plus de 350 atteignent plus de 2.500 euros de préjudices individuels
  • 150 millions d'euros frauduleusement dépensés en France sur un total de 350 millions d'euros si l'on ajoute les dépenses au-delà de nos frontières