Faute de remplaçant, le docteur Chenay, 97 ans, reçoit toujours ses patients

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Romane Hocquet, édité par Anaïs Huet , modifié à
Alors qu'Agnès Buzyn souhaite "tout faire pour répondre à l'angoisse de la désertification médicale", le docteur Christian Chenay, 97 ans, continue de recevoir ses patients, et désespère de trouver un remplaçant.
REPORTAGE

À 97 ans, Christian Chenay porte toujours son stéthoscope autour du cou. Le doyen des médecins français reçoit encore deux fois par semaine sans rendez-vous, dans son cabinet de Chevilly-Larue dans le Val-de-Marne.

Pas de remplaçant, alors il reste. 90 ans le séparent de son plus jeune patient. Le docteur Chenay a accroché sa plaque en 1951. Depuis, son dos s'est un peu voûté, mais derrière son bureau, l'écriture est assurée. Il n'a même pas besoin de lunettes. Il voit une trentaine de patients par jour, et effectue 60 heures de travail chaque semaine. Sa longévité professionnelle, il la doit à cette volonté farouche de ne pas lâcher les malades. "Il y a 19.000 habitants et il y a deux médecins et demi. On ne sera pas remplacés, ni les uns ni les autres", déplore-t-il au micro d'Europe 1.

Surtout, il regrette que les médecins fraîchement formés ne daignent venir s'installer dans ces territoires. "Deux jeunes sont venus voir comment je travaillais, et ils se sont rendus compte qu'il y a beaucoup de travail et ils ont fait demi-tour", se désespère-t-il.

Prendre le temps d'écouter les malades. À cause de cette pénurie de médecins dans cette ville de banlieue parisienne, la salle d'attente du doyen ne désemplit pas. D'autant que Christian Chenay aime prendre son temps, car il considère qu'écouter les patients contribue grandement à leur guérison. Alors l'attente peut parfois atteindre 4 heures… Tant pis, Mohammed, patient depuis 20 ans, apprécie cette singularité. "Les autres médecins regardent beaucoup l'horloge. Lui non. Il va plus loin que la relation docteur/patient. Je le respecte beaucoup, et je lui tire mon chapeau", salue-t-il sur Europe 1.

Après son propre fils, déjà à la retraite, le quasi-centenaire s'apprête à tirer sa révérence l'hiver prochain. Pour l'heure, sans aucun remplaçant.