Face aux règlements de compte, Marseille balance entre fatalisme et volontarisme

© BORIS HORVAT / AFP
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Nathalie Chevance avec M.B.
Que ce soit par peur ou par désespoir, beaucoup de Marseillais ne parlent plus de la violence qui fait des ravages dans leur ville. D'autres, en revanche, tentent de rester mobilisés.

Dix personnes tuées en un mois et un triste record battu : Marseille est toujours gangrenée par les règlements de compte. Après le meurtre de deux hommes à l'arme automatique en plein centre ville, lundi soir, Manuel Valls est attendu sur place. 

Omerta et fatalisme. Dans la cité phocéenne, depuis le drame, c'est le silence qui domine. Silence du côté des politiques, notamment de la mairie, qui traditionnellement n'aime pas commenter les règlements de compte et s'apitoyer sur "des voyous qui se tuent entre eux". Silence, aussi, du côté des Marseillais. Quand ce n'est pas de l'omerta, c'est du fatalisme. Tony, restaurateur dans le quartier du Panier où s'est produit la dernière tuerie, parle ainsi de la "peur" qui empêche de parler. "La peur des représailles, la peur de tout. C'est Marseille. On ne fait plus attention, ça arrive de plus en plus. Il faut faire attention."

"Ce n'est pas normal de s'habituer". Ce sont donc les collectifs citoyens qui prennent le relais pour dénoncer les violences avec, depuis quelques jours, des affiches où l'on voit une main ensanglantée et ce message : "déposez les armes".

"Ce n'est pas normal de s'habituer", dénonce Awaria, éducatrice et élue communiste. Chaque règlement de compte, "c'est un crime, une vie qui est partie", rappelle-t-elle, prônant "un investissement dans le social". "On ne peut pas ne pas inscrire les enfants dans une démarche de formation et de qualité de vie, et en tout cas inscrire l'espoir dans les yeux de ces enfants."

Il y a quelques années, un collectif de femmes avait défilé dans les quartiers pour réclamer plus de moyens dans les cités. Un coup d'épée dans l'eau.