Ecole domicile 3:33
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Pierre Herbulot, édité par Mathilde Durand , modifié à
Une première semaine catastrophique pour l'école à la maison s'achève ce vendredi. Entre lenteurs et bugs techniques, les enseignants et élèves ont été en difficulté. La plateforme du Cned aurait même été la cible de cyberattaques, selon cette dernière. Une enquête a été ouverte, mais les experts en cybersécurité et les équipes pédagogiques doutent. 

Dernier jour d'une semaine compliquée pour "l'école à la maison" en France, avant deux semaines de vacances communes à toutes les zones académiques. Des bugs et lenteurs informatiques sur les environnements numériques de travail ou encore sur les dispositifs du Cned ont été dénoncés depuis mardi par les enseignants, les élèves et leurs familles. "Quasiment rien n'a fonctionné depuis mardi", déplore sur Europe 1 Bruno Bobkiewicz, proviseur de la cité scolaire Berlioz de Vincennes et secrétaire national du SNPDEN Unsa.

"On a des services très dégradés concernant les environnements numériques de travail mis en place par les collectivités, on a l'outil Cned qui est quasiment indisponible depuis trois jours et on a même les outils privés qui sont habituellement disponibles qui ont dysfonctionné sur des courtes périodes depuis le début de semaine", explique le proviseur.

Des cyberattaques sur les plateformes du Cned ? 

Les serveurs des ont été surchargés et la plateforme "Ma classe à la maison" du Cned a été perturbé toute la semaine par des "cyberattaques", selon le Centre national d'enseignement à distance. L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) a été saisie, selon le ministère de l'Education. Et le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête mercredi sur une série d'attaques informatiques contre la plateforme, qui a évoqué des "actes délibérés de malveillance" sous la forme "d'attaque par déni de service". Derrière ce terme : un opération escargot. L'internaute malveillant envoie via un logiciel une énorme quantité d'informations aux sites visés jusqu'à ce qu'il craque.

Cette forme d'attaque est courante. Pourtant Nicolas Arpagian, auteur du livre La cybersécurité, doute que le Cned en ait été victime. "S'il y avait une cyber attaque par déni de service, elle ne correspond pas aux caractéristiques habituelles qui sont : soit la démarche crapuleuse avec revendications financières, soit la démarche idéologique avec la mise en avant d'un discours. Cela ne se ressemble pas du tout à un cas classique d'attaques en déni de service. Pour lui, ce serait tout simplement un problème technique de sous dimensionnement des serveurs.

Il pourrait néanmoins exister une autre motivation à cette potentielle cyberattaque : une "mauvaise blague" de jeunes élèves. "On pourrait imaginer que des adolescents ou des jeunes adultes, qui sont souvent des féru de jeux vidéo et qui ont l'habitude de pratiquer ce type d'attaque, souvent faite dans une logique de jeux, aient pu utiliser leur savoir-faire contre le site qui leur demandait d'être connecté pour l'école à la maison", imagine Gérôme Billois, du cabinet Wavestone. "Un jeu" qui pourrait coûter très cher : sept ans de prison et 300.000 euros d'amende.

"Si on n'a pas été capable de le faire pendant un an..."

Les collégiens et lycéens reprendront les cours à distance la semaine du 26 avril, avant un retour en présentiel le 3 mai. D'ici là, les équipes pédagogiques espèrent que les soucis techniques seront réglés. "C'est notre demande", appuie Bruno Bobkiewicz. "Nous avons deux semaines devant nous qui se présentent. L'idée c'est qu'on puisse le 26 avril avoir la capacité de permettre aux élèves et enseignants de travailler dans les meilleures conditions."

Il se montre néanmoins sceptique. "Si on n'a pas été capable de le faire pendant un an, est-ce qu'on va être capable de le faire pendant deux semaines ? Vu qu'on nous garantissait que tout allait marcher, on peut quand même être aujourd'hui inquiet de la façon dont les choses vont pouvoir évoluer."