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Jean-Pierre Montanay, édité par Cédric Chasseur , modifié à
Aux États-Unis, la mode des repas livrés pourrait grimper de près de 20% d'ici quatre ans. Un phénomène qui est en train d'envahir la France, vidant les salles de restaurants au profit de plats à consommer partout, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. De fait, la question se pose : nos restaurants ont-ils encore un avenir ?
EDITO

>> C'est un phénomène américain qui est en train révolutionner nos modes de consommations en France. La livraison de repas, à domicile ou sur le lieu de travail, explose, avec de nouvelles plateformes mobiles comme Deliveroo ou Uber Eats. Cela bouleverse le monde de la restauration, au point que notre éditorialiste Jean-Pierre Montanay se demande si les restaurants auront encore des tables demain…

"Bonne question car une nouvelle race de restaurants fait son apparition : les restaurants virtuels ou fantômes. A Paris, il en existe déjà dans certains quartiers : pas d’enseigne, pas de menu affiché, pas de table. Ce sont seulement des cuisines où s’activent des petites mains pour concocter des plats préparés, des recettes tendances, asiatiques ou latinos. On les reconnaît à la nuée de livreurs à vélo ou en scooter stationnés devant. Ces restaurants new look, la start-up française Taster en a fait son business. Elle en possède six à Paris, cinq à Londres et deux à Madrid, capable de produire 50.000 repas par mois, et surtout de les livrer en moins de 20 minutes grâce un algorithme au taquet pour anticiper les commandes.

Comme d'habitude, cette mode nous arrive des États-Unis…

Oui là-bas l’explosion des repas livrés est vertigineuse. On prévoit une croissance entre 13 et 23 % d’ici quatre ans et un chiffre d’affaire de 1.200 milliards dans dix ans. Autant dire que le marché aiguise les appétits. Le plus vorace étant le patron d’Uber qui après les limousines noires se lance dans ces fameux restaurants virtuels, à l’Américaine, c’est à dire en big, en grand. Sa société Cloudkitchen a déjà collecté 400 millions de dollars. Partout aux Etats unis, de New York à la Californie, poussent donc ces cuisines géantes ou plusieurs start-up se partagent un espace de co-cooking.

Est-ce la fin du resto traditionnel ?

Aux Etats-Unis, depuis 2011, la restauration traditionnelle a progressé deux fois moins vite que le marché de la livraison. Les restaurants qui avaient l’habitude de doper leur recettes avec quelques livraisons devront revoir leur modèle sous peine d’être "ubériser" par ses pionniers du plat à emporter. Cela en dit long aussi sur les nouvelles habitudes alimentaires : terminer le dîner en famille autour de la blanquette. Les "millenials" dînent à la carte des "Pad Thaî" ou des "Bolo" bon marché à réchauffer, livrés sous la couette et à déguster devant des séries télés. Tiens, il paraît que l’obésité progresse chez les jeunes".