Droits des LGBT : seulement une personne sur deux ose faire son coming out au travail

Seulement 52% des personnes interrogées ont fait leur coming out au sein de l'entreprise. Image d'illustration.
Seulement 52% des personnes interrogées ont fait leur coming out au sein de l'entreprise. Image d'illustration. © GREGOR FISCHER / DPA / AFP
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Antoine Terrel
Selon une étude du Boston Consulting Group, si 80% des personnes interrogées se disent prêtes à dévoiler leur orientation sexuelle au travail, le passage à l'acte est plus compliqué.

En 2018, il est encore difficile pour les personnes "LGBT+" (qui concerne les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenres) d'assumer leur orientation sexuelle au travail. C'est la conclusion d'une étude du Boston Consulting Group (BCG), réalisée en partenariat avec Têtu, et pour laquelle plus de 4.000 personnes de moins de 35 ans ont été interrogées dans plus de 10 pays différents, et publiée à l'occasion de la journée internationale du coming out. 

L'enquête soulève un premier paradoxe. Si 80% des personnes interrogées se disent prêtes à dévoiler leur orientation sexuelle au travail, elles ne sont que 52% à l'avoir fait. Raison principale à ces hésitations, 35% des sondés pensent qu'un coming out serait un frein pour leur carrière. "Malgré une tendance positive à l'inclusion des LGBT+, il y a encore un net écart entre les intentions et les faits", souligne Thomas Selano, Principal chez BCG. 

Près de la moitié des LGBT+ prêts à mentir à leur employeur. Cette crainte pour leur carrière amène les employés LGBT+ à dissimuler leur orientation sexuelle, quitte à mentir volontairement ou par omission à leur employeur lors d'une discussion informelle. 46% des sondés se disent prêts à une telle éventualité. Plus inquiétant encore : 13% des personnes LGBT+ interrogées expliquent qu'elles seraient prêtes à privilégier leur ambition professionnelle et à accepter de travailler dans un pays où l’homosexualité est criminalisée.

L'étude révèle également des disparités selon les pays. En France comme en Allemagne par exemple, seulement 75% des LGBT+ se disent à l’aise en milieu professionnel, ce qui place les deux pays assez loin derrière le Royaume-Uni et les Pays-Bas (90%), mais devant l'Italie ou l'Espagne. 

L'importance de la culture inclusive de l'entreprise. Ce sentiment de mal-être dans les entreprises montre que ces dernières ont encore des progrès à faire pour devenir attractive pour les personnes LGBT+. Par exemple, si 58% des LGBT+ aimeraient travailler dans les grands groupes, c'est 11 points de moins que pour les non-LGBT+. 

"Pour attirer les jeunes LGBT+, il ne suffit pas de penser au recrutement, il faut s'assurer de leur offrir un environnement de travail à la hauteur de leurs attentes, avec des actions concrète leur permettant de réussir leur vie professionnelle", estime Jean Mouton, Directeur Associé Senior au BCG. Ainsi, toujours selon l'étude, au moment de choisir deux offres d'emploi, la culture inclusive de l'entreprise est plus importante que le prestige de l'employeur pour les jeunes interrogés.