Don du sang : l'Assemblée maintient le statu quo pour les donneurs homosexuels

Les homosexuels devront observer une période d'abstinence d'un an, contre quatre mois pour les hétérosexuels.
Les homosexuels devront observer une période d'abstinence d'un an, contre quatre mois pour les hétérosexuels. © MIGUEL MEDINA / AFP
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avec AFP , modifié à
Les homosexuels devront continuer d'observer une période d'un an sans avoir eu de partenaires multiples avant de pouvoir donner leur sang.

L'Assemblée nationale a maintenu le statu quo concernant une différence de traitement dans le don du sang touchant les homosexuels, vote qui a divisé jusque dans les rangs de la majorité LREM-MoDem, à l'occasion de l'examen d'une proposition de loi LR.

Un texte discriminant envers les donneurs homosexuels ? Cette mesure alignait pour le don la durée d'abstinence des homosexuels sur celle s'appliquant aux hétérosexuels (quatre mois d'absence de relations avec plusieurs partenaires). Elle avait été ajoutée au texte en commission via un amendement des socialistes, Hervé Saulignac en tête. 

Jeudi soir, elle a été rejetée par 29 voix contre 23. Des groupes d'opposition, de gauche comme de droite, ont soutenu ce texte ainsi que le MoDem, dénonçant "une discrimination". "Le critère d'exclusion doit être celui des comportements à risque et non de l'orientation sexuelle", a estimé le député MoDem Jean-Luc Lagleize. "Stoppons ces hypocrisies", a affirmé Xavier Paluszkiewicz, l'un des deux "marcheurs" à avoir voté pour le texte alors que son groupe s'est prononcé contre. 

Un don sous conditions. Depuis juillet 2016, les homosexuels peuvent théoriquement donner leur sang, geste qui leur était interdit depuis 1983 en raison des risques de transmission du sida. Mais cette possibilité est soumise à des conditions fixées par un arrêté du 5 avril 2016, notamment l'abstinence d'un an, qui doit être déclarée lors d'un entretien préalable. "L'abstinence de 12 mois n'a aucun fondement ni juridique ni scientifique", a estimé Hervé Saulignac en fustigeant "une erreur politique" du gouvernement. 

Agnès Buzyn a appelé au "bon sens" des députés. La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait déposé un amendement pour supprimer la mesure, avant de le retirer pour ne pas donner l'impression de s'opposer "sur le fond". Elle a néanmoins appelé au "bon sens" des députés avant le scrutin. "Comme vous, je me suis étonnée, pour ne pas dire émue, du critère d'abstinence d'un an. Mais n'inscrivons pas dans la loi des critères de sélection qui nous feraient prendre un risque un jour par rapport à un nouvel agent pathogène ou un risque d'épidémie", a déclaré Agnès Buzyn en soulignant que ces critères relèvent davantage du règlement que de la loi.

Des dons dès 17 ans. Dans cette proposition de loi "visant à la consolidation du modèle français du don du sang", portée par Damien Abad (LR), les députés ont voté par ailleurs l'abaissement de l'âge légal ouvrant droit au don du sang de 18 à 17 ans, âge fixé en commission pour s'aligner sur le droit européen.