Discrimination au travail : les délégués syndicaux payés 10% de moins

Les salariés syndiqués sont moins bien payés que les confrères non-syndiqués.
Les salariés syndiqués sont moins bien payés que les confrères non-syndiqués. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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avec Reuters
D'après une étude, les salariés syndiqués sont moins bien payés que les autres, dans une possible logique pour l'employeur de décourager les mobilisations.

La rémunération des délégués syndicaux est en moyenne inférieure de 10% à celle de leurs collègues non syndiqués, peut-on lire dans une étude de la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) publiée vendredi. L'étude, qui se penche sur la discrimination syndicale dans les entreprises, suggère que les salariés les plus impliqués pour représenter leurs collègues sont les plus pénalisés. La rémunération des salariés syndiqués était de 3 à 4% inférieure.

Moins bien payés en cas de conflit. Ces "pénalités" se renforcent avec l'ancienneté ou l'appartenance à un syndicat contestataire, et en cas de grève ou de conflit avec l'employeur, précise l'étude de la Dares, une direction du ministère du Travail. "Les pénalités salariales encourues par les représentants du personnel sont en effet systématiquement alignées sur les coûts potentiels qu'ils peuvent faire subir à leurs employeurs : plus l'action des représentants est susceptible d'être efficace et d'aboutir à des gains salariaux au détriment des employeurs, moins ils sont payés", écrivent les auteurs.

"Dissuader les salariés". L'étude avance l'hypothèse de la "discrimination stratégique". Le but de l'employeur pourrait être "de dissuader les salariés de devenir délégués syndicaux, de participer aux négociations d'entreprise et de décourager les mobilisations et les revendications salariales". D'autres hypothèses sont avancées, comme celle de l'auto-censure : les délégués syndicaux renonceraient davantage à "mettre en avant leur situation personnelle pour mieux se consacrer à la défense des autres salariés".

L'étude se base sur les résultats d'une enquête menée en 2010 auprès de 11.334 salariés dans 4.023 établissements.