Charisme, sens du collectif, empathie... Comment devenir un bon leader ?

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Alexandre Dalifard
Invités de l'émission "Bienfait pour vous", le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de Guerre, et Charlie Clarck, journaliste et expert en communication, expliquent le rôle d'un bon dirigeant dans les entreprises et la société. Contrairement aux idées reçues, il n'est pas celui qui donne les ordres.

L'être humain a toujours eu des rois, des présidents, puis des patrons ou des managers. Ce rôle de dirigeant n'est pas là pour faire joli. Mais alors, à quoi sert un chef ? Invités de l'émissions Bienfait pour vous, le général Vincent Desportes, auteur de Devenez leader, et Charlie Clarck, président de Whistcomn, expert en stratégie orale et stratégie RH pour les dirigeants d'entreprise et les managers, reviennent sur la fonction de "meneur".

"L'Homme est un animal de harde"

"Au fond, cela répond à un besoin humain profond. Le premier besoin humain, c'est celui de la survie. Et l'être humain a envie de perdurer dans son être. Il est un être fragile qui a bien compris, depuis la nuit des temps, qu'ensemble un collectif est quand même plus fort que si il est seul. Or, un collectif a besoin d'un chef car c'est bien ce qui crée le collectif, c'est l'ambition unique et l'existence de quelqu'un qui va conduire vers cette ambition. Il faut se rappeler ce que disait Sigmund Freud : L'Homme est un animal de harde", souligne le général Vincent Desportes.

Pour illustrer ses propos, l'ancien directeur de l'Ecole de Guerre compare l'être humain à une harde de cerfs qui compte parmi elle un cerf dominant. "Pourquoi ? Car c'est ce cerf qui va guider, qui a le plus d'expérience et qui va faire que l'ensemble survit. Donc, au fond, ce besoin de collectif se crée par un besoin de leader. Le leader, c'est celui qui sait créer le collectif. Aujourd'hui, on a un exemple formidable avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui, dans cette situation incroyable, a réussi à cristalliser tout un peuple autour d'une idée. Il répond parfaitement à la définition que je donne du leader : c'est vouloir et faire vouloir", précise-t-il.

"Celui qui donne le cap"

Alors que le rôle de "meneur" a évolué avec le temps, une question se pose aujourd'hui. Dans une entreprise, quels sont les attentes autour d'un meneur ? "Le meneur dans l'entreprise, c'est celui qui est passé de l'état de 'je fais' à 'je fais faire' et mieux que ça, il donne envie de faire. Il est celui qui donne le cap et qui donne envie de l'atteindre. C'est comme un train. Personne ne monte dans un train sans savoir où il va et sans avoir l'envie d'atteindre cette destination. Voilà ce qu'est un bon manager dans une entreprise", définit Charlie Clarck.

"Aujourd'hui, on demande au leader d'avoir des compétences humaines, un nouveau mot à la mode dans l'entreprise. Au sein des sociétés, on va parler de 'human skills". On demande aux managers de savoir faire grandir les autres. Pour cela, on attend d'eux de l'empathie et une bonne communication. C'est-à-dire que le leader doit emporter les troupes, il doit donner envie et cela passe forcément par de l'oral. Ce ne sera jamais par mail, il faut parler et mouiller la chemise", conclut-il.

"L'expérience et le compréhension d'un être humain"

Souvent, la société a l'image d'un meneur, d'un leader, comme quelqu'un de plus âgé, de plus sage, même dans le corps militaire. Généralement, c'est celui qui donne les ordres. Mais est-ce que l'âge compte pour être un bon leader ? "Alors non, ce n'est pas l'âge qui compte", répond le général Vincent Desportes. "Ce qui compte, c'est l'expérience et la compréhension de ce qu'est un être humain, ce qui vient un peu plus avec l'âge évidemment. Mais, il est possible d'être un grand leader très jeune", ajoute-t-il. Pour lui, l'âge apporte la compréhension que les hommes sont capables du meilleur si les conditions sont créées et si l'envie est présente.

"Les militaires savent bien qu'il n'y a pas de héros. Un héros, c'est un être ordinaire qui va le devenir car on va créer des conditions. Donc, un leader c'est celui qui va créer les conditions de l'envie. Spinoza nous dit : L'Homme est désir. Ce que nous apprend l'expérience, donc souvent l'âge, c'est que l'émotion est extrêmement importante", insiste le général. Puis, dans son livre, Vincent Desportes précise que le bon manager n'est pas celui qui donne des ordres. Ce n'est pas quelque chose de mécanique de diriger, au contraire, le bon leader doit être très humain. Le meilleur chef est celui qui fait preuve d'empathie, c'est indispensable.