Les deux anciens otages de Daech présents au procès de Mehdi Nemmouche l'ont formellement reconnu comme l'un de leurs geôliers en Syrie.   1:50
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avec Salomé Legrand et AFP , modifié à
L'ex-reporter de guerre Nicolas Hénin et le journaliste d'Europe 1 Didier François ont assuré n'avoir "aucun doute" quant à l'identification de Mehdi Nemmouche comme l'un de leurs geôliers en Syrie en 2013. 

Deux ex-otages français du groupe État islamique en Syrie témoignant au procès de Mehdi Nemmouche pour la tuerie du musée juif de Bruxelles en 2014 ont reconnu jeudi "sans aucun doute" le djihadiste français comme un des leurs geôliers, tandis que celui-ci esquissait quelques sourires narquois. 

"Aucun doute". "Je n'ai absolument aucun doute sur le fait que Mehdi Nemmouche ici présent était mon geôlier et tortionnaire en Syrie connu sous le nom d'Abou Omar", a affirmé Nicolas Hénin, ex-reporter de guerre devenu chef d'entreprise. À ses côtés, le journaliste d'Europe 1 Didier François a également dit n'avoir "aucun doute". Leur séquestration par un groupe de djihadistes de l'EI dont faisait partie Nemmouche remonte au second semestre 2013.

Au total, quatre journalistes français avaient été enlevés et séquestrés par l'EI entre juin 2013 et avril 2014. Edouard Elias et Pierre Torres, également cités comme témoins au procès du quadruple assassinat du musée juif, n'ont pas fait le déplacement. Parmi ses geôliers, Nicolas Hénin a assuré avoir également reconnu "Abou Idriss" alias le Belgo-Marocain Najim Laachraoui, artificier des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts), mort en kamikaze à l'aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016. Ces deux attaques avaient été revendiquées par le groupe Etat islamique.

Sévices et "coups de matraque". Lors de cette audience lourde et intense jeudi, Mehdi Nemmouche est resté impassible, voire a souri et ri à plusieurs reprises, ne quittant que rarement des yeux ses anciens otages qui témoignaient à la barre. Nicolas Hénin et Didier François ont dressé le portrait d'un homme narcissique et sadique, adulant Mohamed Merah et assumant son antisémitisme. Au fil de l'audition, les anecdotes s'accumulent et dessinent les traits d'une "brute", qui se dit lui-même délinquant converti dans le "nettoyage ethnique religieux". 

Didier François a raconté avoir été victime de sévices et d'"une quarantaine de coups de matraque" de la part de Mehdi Nemmouche même si les violences et "tortures" visaient surtout les prisonniers syriens et irakiens. A propos de ses geôliers, le journaliste de la radio Europe 1 a fait valoir : "le but du jeu c'était de nous tenir en permanence sous contrôle". "Le mode de domination c'était d'être cyclothymique, le même qui va rentrer à un moment pour vous donner un thé va venir le lendemain vous mettre une raclée", a-t-il poursuivi.

Au procès de Bruxelles Mehdi Nemmouche, 33 ans, est accusé d'avoir abattu de sang-froid le 24 mai 2014 au musée juif un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site. Il nie les faits. La séquestration des journalistes à Alep fait l'objet d'une procédure judiciaire distincte en France, dans laquelle le djihadiste a été inculpé fin 2017.