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Europe1.fr , modifié à
Yael Lecras, vice-président du Syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels, estime que la prise en charge des soldats du feu après l’incendie de l’usine Seveso à Rouen a été "globalement correcte". Et qu'il est donc trop tôt pour porter plainte.
INTERVIEW

Trois semaines après l’incendie de l’usine Lubrizol, à Paris, beaucoup de riverains continuent d’être inquiets pour leur santé. Mais la population la plus exposée a sans aucun doute été celle des pompiers qui sont intervenus sur le site. Certaines analyses de sang montrent des anomalies hépatiques chez certains soldats du feu. Des dépôts de plainte sont envisagées. Prématuré, selon Yael Lecras, vice-président du Syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels.

"Les pompiers qui interviennent sur ce genre de sinistres sont protégés quasiment naturellement, puisqu’ils portent des équipements individuels de protection, afin de protéger contre les fumées d’incendie", rappelle d’abord Yaël Lecras, qui ne mésestime pas pour autant les risques potentiels. "Il y a un risque inhérent à ces fumées, que l’on connait relativement mal. Un rapport de l’Agence national de sécurité sanitaire doit sortir dans les jours qui viennent au sujet de ces risques d’incendie. Ils étaient donc correctement protégés mais on connaît mal à long terme les expositions."

"Il faut assurer un suivi dans le long terme pour pouvoir juger des risques"

Mais le syndicaliste tient d’abord à appeler la prudence. "En tout état de cause, les services de santé et de secours médical des sapeurs-pompiers assurent un suivi de la totalité des personnels qui ont été exposés sur le site de Lubrizol, soit près de 900 personnes", relève-t-il. "Et effectivement, quelques prises de sang reviennent perturbées. Elles ont extrêmement faibles - moins d’une dizaine sur 900 prélèvements - et ces perturbations ne peuvent pas à ce stade mises directement en relation avec l’incendie. Il faut assurer un suivi dans le long terme pour pouvoir juger des risques qui sont encourus par les sapeurs-pompiers."

Du coup, Yaël Lecras n’encourage pas au dépôt de plainte. "A ce stade, cela me semble être un peu excessif", confirme le syndicaliste. "C’est une opération d’ampleur, un suivi important qui est peu fréquent, puisqu’on découvre ce sujet des fumées d’incendie. Dire qu’il n’y a pas de risque ce n’est pas responsable, mais alerter en disant qu’il y a un risque avéré, majeur, et que les gens sont immédiatement en danger, ce n’est pas non plus responsable."