Des ordinateurs dans les cellules de prison ? "Quid de la sécurité du système ?", interroge un syndicat de surveillants

L'administration veut que 100% des démarches administratives soient numérisées en 2022. Photo d'illustration.
L'administration veut que 100% des démarches administratives soient numérisées en 2022. Photo d'illustration. © JODY AMIET / AFP
  • Copié
Salomé Legrand, édité par Antoine Terrel
Alors que l'administration pénitentiaire veut installer un terminal numérique dans chaque cellule, le secrétaire national du syndicat Ufap-Unsa Justice, Wilfried Fonck, s'inquiète sur Europe 1 des éventuelles failles de sécurité. 

Bientôt des ordinateurs pour tous les détenus de France ? Selon les informations du Parisien, confirmées à Europe 1, l'administration pénitentiaire pourrait bientôt équiper les cellules des prisons françaises d'un terminal numérique, à vocation purement interne, mais permettant d'informatiser la plupart des demandes des détenus à l'intention de leur établissement. Au micro d'Europe 1, Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat de surveillants Ufap-Unsa Justice, accueille l'initiative de façon "mitigée". "Quid de la sécurité du système ?", s'interroge-t-il.  

"Ça va sûrement permettre au personnel de surveillance dans le quotidien d'avoir certaines tâches qui ne vont plus être à sa charge", reconnaît-il. Comme, par exemple, prendre les commandes de cantine. "Les bons de cantine sur lesquels les détenus programment leurs achats,aujourd’hui ça se fait sur support papier", précise le syndicaliste, "et parfois il est très difficile de déchiffrer la commande qui est passée donc ça peut aussi permettre d'éviter certaines crispations quand le bon de commande arrive trop tard ou au mauvais interlocuteur". Ce dispositif permettra également aux prisonniers de réserver des parloirs, ou à leurs familles d'approvisionner les pécules des détenus. 

Autre avantage avancé par Wilfried Fonck : "ça va responsabiliser le détenu, donc ça sera quelque chose de positif en matière de début de réinsertion". 

"Dès qu'il y a un système comme celui-là, il y a des failles" 

Comme le rapporte Le Parisien, ce système est déjà testé dans plusieurs établissements depuis l'automne, comme à Meaux, Nantes et Dijon. En cas d'expérimentation positive, un appel d'offres sera lancé d'ici à la fin de l'année. "L'objectif, c'est que 100% des démarches administratives soient numérisées en 2022", précise l'administration pénitentiaire. L'opération disposera d'un budget total de 530 millions d'euros. 

Si l'administration précise qu'aucun accès à l'internet extérieur ne sera possible, Wilfried Fonck s'interroge tout de même sur les éventuels risques d'un tel dispositif. "La grosse question, c'est quid de la sécurité du système ?", explique-t-il, "dès lors qu'il y a un système comme celui là, il y a des failles, et la possibilité pour les détenus d'accéder à l'extérieur pour continuer de gérer à distance leur activités criminelles".