Des dizaines de milliers de conteneurs au fond des océans

Au fond des océans, des dizaines de milliers de conteneurs en acier sont devenus des épaves.
Au fond des océans, des dizaines de milliers de conteneurs en acier sont devenus des épaves. © SAM PANTHAKY / AFP
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Zoé Pallier, édité par Benjamin Bonneau
C’est une source de pollution assez mal connue : les dizaines de milliers de conteneurs tombés à l’eau, leurs marchandises déversées dans les flots ou échouées sur les plages. Les associations dénoncent la désinvolture des professionnels et appellent à des contrôles renforcés.  

Au fond des océans, des dizaines de milliers de conteneurs en acier sont devenus des épaves, après être passés par dessus-bord lors d’une traversée. Ils mettront des siècles à se désagréger, tout comme certaines de leurs marchandises, polluantes et nocives. Denis Ody, responsable du programme "cétacés" de l’ONG WWF, raconte : "Aujourd’hui, on trouve encore dans le gras des baleines des produits toxiques datés d’il y a 40 ans ! Et qui ont d'ailleurs été interdits depuis". Les associations appellent à des contrôles renforcés.

Des dégâts environnementaux considérables

Bert Wassink est un des premiers témoins de cette pollution. Il était le maire de l’île néerlandaise de Terschelling quand, en janvier 2019, le cargo MSC Zoe a perdu 342 conteneurs et recouvert le littoral de ses marchandises : "C’était affreux ! Huit kilomètres de plage souillés, des matelas, des frigos, des jouets…  Là, il y a encore des conteneurs qui réapparaissent sur la plage et on n’a plus qu’à ramasser. Les gens sont en colère et se sentent impuissants. Car ça se répète : la semaine dernière, cinq nouveaux conteneurs sont tombés à l’eau."

Les associations attribuent cette pollution à des comportements désinvoltes de la part de certains commandants de navire. Pour aller plus vite, ils attachent mal les conteneurs au moment du départ, surchargent les cargos et ne déclarent pas les chutes. Jean-Marc Lacave, le délégué général des Armateurs de France, regrette ces mauvaises pratiques : "Il y a des chargeurs qui peuvent ne pas déclarer la réalité précise de ce qu’ils chargent pour payer une assurance moindre. Ce sont des comportements tout à fait inacceptables ! C’est contraire aux valeurs de la marine marchande."

Des outils de traçage en cours d'élaboration

"Ces chutes pourraient être évitées s’il y avait davantage de prévention et surtout de contrôles", estime Antidia Citores, porte-parole de l’association de défense des océans Surfrider. L’Organisation Maritime Internationale envisage de mettre en place un système de traçage des marchandises, grâce à des boîtiers fixés sur chacun des 220 millions de conteneurs qui transitent chaque année sur les eaux. Cette stratégie sera l’objet de négociations qui s’ouvriront début mai entre les acteurs du secteur.