Delphine, 43 ans, maman d'un ado atteint de troubles de l'apprentissage : "Il n'est pas invité aux anniversaires"

Gabriel, aujourd'hui scolarisé en classe ULIS, a été isolé par les autres élèves, qui se moquait de son handicap. Photo d'illustration.
Gabriel, aujourd'hui scolarisé en classe ULIS, a été isolé par les autres élèves, qui se moquait de son handicap. Photo d'illustration. © JEFF PACHOUD / AFP
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Thibaud Le Meneec
Mère d'un enfant atteint de dyspraxique, dyscalculique et dysorthographique, Delphine a déploré  au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix, lundi, "la très grande violence" de la réaction de certains enfants à ce handicap.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Aujourd'hui âgé de 13 ans, Gabriel est un adolescent atteint de dyspraxie, dyscalculie et dysorthographie. Moqué pour ces troubles de l'apprentissage et pas véritablement aidé par les enseignants en primaire, il a été accueilli dans une classe ULIS (Unités localisées pour l'inclusion scolaire), au collège. Sa mère Delphine a raconté au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix, lundi, les moqueries infligées par les camarades à l'école et les solutions mises en place pour lui faire vivre une enfance comme celle des autres garçons de son âge.

"Je l'accompagne, je lui explique, je ne le culpabilise pas. On prend sur nous pour répéter des gestes simples, pour ne pas lui faire comprendre que les autres peuvent le faire, et pas lui.

"On juge, on se moque…"

Il affronte le regard des autres au quotidien. Quand on parle de harcèlement scolaire, là, on y arrive quand on a des enfants différents. Le regard des camarades dans la cour est compliqué. C'est d'une grande violence, il n'y a pas de compassion. On n'aide pas mais on juge, on se moque… Il a quelques enfants bienveillants autour de lui mais finalement il y en a peu. Il n'est pas invité aux anniversaires, par exemple.

En revanche, il est entouré d'adultes et il a un relationnel plus simple avec les adultes, qui ne le jugent pas. Il est d'une grande maturité affective, donc il arrive mieux à dialoguer avec des adultes qu'avec des enfants. On souffre pour lui parce qu'on aimerait bien qu'il ait la même vie sociale que les autres. Quand on arrive à lui organiser quelque chose, il y a un grand bonheur dans ses yeux.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Le refus de déscolariser Gabriel

Jusque là, toute la primaire, on s'est battus avec son papa pour qu'il reste dans une scolarité traditionnelle avec une AVS [auxiliaire de vie scolaire, NDLR]. À plusieurs reprises, on nous a demandé de le déscolariser parce que ce n'était pas simple pour les autres enfants de la classe. On l'a toujours refusé, parce qu'on estime que ce n'était pas à Gabriel d'être déscolarisé. Quand il était harcelé à l'époque, c'est lui qu'on isolait, ce n'était pas les autres enfants.

Gabriel est maintenant dans une classe ULIS, qui l'a accueilli en 6ème. La prise en charge est meilleure. Ça lui permet aussi d'accepter le handicap des autres parce qu'ils n'ont pas le même handicap. Il est reconnu en tant qu'enfant qui a des difficultés d'apprentissage, il n'est pas obligé de suivre une masse. L'avantage, c'est qu'ils apprennent l'essentiel."

>> Retrouvez l'intégralité du témoignage de Delphine.

 

 

Les précisions de Nathalie Grau, présidente de l'Association française des "dys"

"Il y a plusieurs troubles 'dys', qui vient de dysfonctionnement et qui peuvent se combiner entre eux.

  • La dyslexie est une altération de la lecture.
  • La dysorthographie concerne les difficultés liées à l'orthographe.
  • La dysphasie touche le langage oral, avec des enfants apprenant leur langue maternelle comme s'ils apprenaient une langue étrangère.
  • La dysgraphie est une altération de l'écriture.
  • La dyspraxie représente une mauvaise coordination des gestes avec des enfants très maladroits qui ont du mal à se repérer.
  • La dyscalculie touche les capacités de calcul, dans l'appréhension des chiffres.
  • Il y a également le TDAH, pour 'trouble déficit de l'attention/hyperactivité'."