Culture du secret de l'Eglise dans les affaires de pédophilie : "l’Église est responsable, les hommes sont les coupables"

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Ugo Pascolo , modifié à
Au micro de Nikos Aliagas, Véronique Margron, présidente de la conférence des religieux et religieuses de France, revient sur ses propositions pour réformer l'Eglise. 
INTERVIEW

Alors que l'Eglise connait de nombreux scandales de pédophilie, Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), a choisi de livrer, dans un ouvrage intitulé Un moment de vérité, 12 pistes pour réformer l'Eglise. Invitée de la matinale d'Europe 1 lundi, elle revient sur sa vision de l'Eglise. 

"C'est la colère et le fait de souhaiter de tout cœur que l'Eglise avance" qui pousse Véronique Margron a publié ce livre. Alors que le pape a fustigé "une condamnation médiatique superficielle" dans l'affaire du cardinal Philippe Barbarin et a refusé sa démission, la présidente de la Corref l'affirme : "il y a une grande urgence au changement". "Les gens sont à bout de tout ce que nous découvrons depuis quelques années dans l'Eglise, alors que l'immense majorité des prêtes ne sont pas coupables des crimes de pédocriminalité. Mais cela fini par contaminer l'ensemble du corps, parce que chacun se demande comment avons nous pu en arriver là", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Le changement prendra de nombreuses années, mais il est essentiel". 

Il faut d'abord introduire de la pluralité dans le pouvoir : que des femmes, des hommes, des laïcs aient accès à plus d'autorité dans l'Eglise

Parmi les 12 propositions de son ouvrage, le célibat des prêtres tient une place importante. "C'est un vraie question, mais je ne suis pas sûre que cela questionne le pouvoir : ce qui est en jeu, c'est d'abord le rapport au pouvoir", estime-t-elle. "Un rapport qui paraît donner, pour certains, une sorte de toute puissance. Il faut d'abord introduire de la pluralité dans le pouvoir : que des femmes, des hommes, des laïcs aient accès à plus d'autorité dans l'Eglise. Leur donner plus de place pour qu'ils se sentent co-responsables de la vie chrétienne et non pas consommateurs des messes auxquelles ils assistent", plaide Véronique Margron.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Quant à savoir si l'Eglise est responsable du silence qui règne parfois dans les affaires de pédophilie impliquant des membres du clergé, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France est catégorique. "Bien sûr, c'est elle qui a entretenu le secret, elle l'a consacré", lâche-t-elle. "L'Eglise est responsable, les hommes sont les coupables".