Contre le paquet de cigarettes à 10 euros, des buralistes bâchent des radars

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé début juillet qu'elle souhaitait porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros d'ici trois ans.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé début juillet qu'elle souhaitait porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros d'ici trois ans.
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avec AFP , modifié à
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé début juillet qu'elle souhaitait porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros d'ici trois ans.

Plusieurs centaines de buralistes français, remontés contre le projet du gouvernement d'augmenter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros, ont neutralisé dans la nuit de jeudi à vendredi des radars automatiques un peu partout en France.

430 radars bâchés. La confédération des buralistes a précisé dans un communiqué vendredi que "430 radars automatiques ont été bâchés - recouverts d'un sac plastique, avec une affiche dénonçant le paquet à 10 euros - par 500 buralistes dans toute la France, la nuit dernière". Aucun dégât n'est à déplorer, a-t-elle assuré à l'AFP. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé début juillet qu'elle souhaitait porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros d'ici trois ans.

Cette action, qui se voulait "symbolique", n'était pas menée par la confédération mais par la "base qui est très en colère", a précisé Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes qui représente 25.000 débitants de tabac. Il s'agit de "protester contre l'annonce d'un paquet à 10 euros, prise sans concertation, juste avant les vacances, au moment où le tourisme des Français à l'étranger - là où le tabac est toujours moins cher - est à son apogée", critique la confédération.

"Un moyen d'être visibles." A Bordeaux, les buralistes ont revendiqué avoir neutralisé une vingtaine de radars situés sur la rocade, en les recouvrant de sacs poubelle ou de perruques. "Toucher les radars, pour nous, c'est un moyen d'être visibles et d'exprimer notre colère", a déclaré à l'AFP Joaquim Rompante, président des buralistes de Gironde.

A Toulouse, de petites affiches "Non au paquet à 10 euros, clients spoliés, buraliste menacé" ont été collées sur les radars par une poignée de buralistes et une banderole "Supprimer les buralistes ne fera pas baisser le tabagisme" a été déployée.

"Si on passe le paquet à 10 euros, c'est catastrophique." Quelque 19 radars ont également été bâchés dans le Bas-Rhin, a indiqué à l'AFP Patrice Soihier, président de la chambre syndicale des débitants de tabac. "La différence de prix, vis-à-vis de l'Allemagne, est moins flagrante qu'avant, mais si on passe le paquet à 10 euros, c'est catastrophique", s'insurge-t-il. En Moselle, 12 radars ont été bâchés, selon Yves Paysant, président de l'Association de défense des buralistes frontaliers.

Enfin, des membres de la Chambre syndicale des buralistes de la Loire, de Saint-Etienne à Roanne, en passant par la plaine du Forez, ont bâché dix radars au cours de la nuit dernière.

Du tabac importé illégalement. Gilles Grangier, président des 370 buralistes de la Loire, indique que malgré l'absence de frontière à proximité immédiate de ce département, sa profession y souffre de la présence "d'importantes quantités de tabac importées illégalement".

Il demande aux autorités de prononcer la "fermeture immédiate des commerces qui se livrent à de la revente de tabac de contrebande" et "un renforcement des contrôles des autocaristes qui organisent des voyages dans des pays voisins servant à des achats massifs de cigarettes".

Un calendrier pas encore détaillé. Pour le consommateur, le paquet à 10 euros reviendrait à une hausse de 50% du prix par rapport au niveau actuel. Interrogé mercredi par l'AFP, le cabinet d'Agnès Buzyn n'a pas détaillé le calendrier de l'augmentation du prix du paquet de cigarettes, expliquant "attendre des arbitrages rendus à l'occasion du PLFSS" (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale), qui sera discuté par le Parlement cet automne.