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Guillaume Perrodeau , modifié à
Christophe Hondelatte revient mercredi, avec le docteur Bernard Marc, sur une affaire de 1926 où l'avis du médecin légiste a eu une importance fondamentale.

Mercredi, Christophe Hondelatte revient sur l'affaire de "l'étrangleur Guyot", avec le médecin Bernard Marc, auteur de Mémoires du crime, le légiste raconte. Un crime où l'autopsie de la victime par un ponte de l'époque, le docteur Paul, a eu une portée décisive.

 

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La piste de la Delage. Le 13 août 1926, deux gendarmes à bicyclette de la brigade de Claye-Souilly, en Seine-et-Marne, découvrent le cadavre d’une jeune femme qui se consume, derrière une meule de blé. Dès le lendemain, grâce au témoignage d'une patronne d'un restaurant de la commune, l'enquête s'oriente vers un propriétaire d'une voiture Delage, à six places, et de couleur grenat. En effet, la veille, la restauratrice a vu la victime avec un homme, propriétaire du dit véhicule.

Il ne faut pas beaucoup de temps aux autorités pour remonter la piste. Des propriétaires de Delage, il n'y en a pas beaucoup. C'est un garagiste qui oriente les enquêteurs vers un certain "monsieur Malou". La voiture est retrouvée avec à l'intérieur des papiers, au nom de Malou, mais aussi au nom de Guyot. La photo d'un couple est également saisie. On montre le cliché à la restauratrice qui est formelle : c'est bien le couple qu'elle a vu hier dans son établissement. Les policiers tiennent leur homme : il s'agit de Gaston Guyot.

Une morte, deux versions. Gaston Guyot est finalement arrêté, le 19 août, six jours après le drame. Après avoir nié, il finit par avouer le crime très rapidement aux enquêteurs, mais en donnant une version bien précise : lui et Malou se sont disputés, elle l'a giflé, il l'a alors étranglé dans un accès de rage avec une seule main. Et c'est là que l'autopsie du docteur Charles Paul, un médecin légiste très célèbre de l'époque, va tout changer. Car lui établit que l'étranglement a été long et pratiqué à deux mains. Le procès va se jouer sur cette différence de version capitale. Si c'est en effet un coup de folie et un crime passionnel, Gaston Guyot échappe à la peine de mort. Si les jurés suivent Charles Paul, c'est la guillotine. 

"Il sait parfaitement utiliser toutes les techniques ". "Le docteur Paul a une intuition, une pratique, un sens de la synthèse et de la vision qui le différencie, car il sait analyser l’ensemble des signes", souligne le docteur Bernard Marc, médecin légiste également et auteur de Mémoires du crime, le légiste raconte. "Il sait parfaitement utiliser toutes les techniques et notamment les techniques modernes", explique-t-il. C'est notamment grâce à cela que Charles Paul va trouver des "pétéchies", une preuve qui va fortement jouer contre la version de Gaston Guyot. "Les pétéchies sont des vaisseaux qui éclatent car il y a une forte congestion", détaille Bernard Marc. Dans le cas de Malou, le docteur Paul en détecte "dans les yeux et le dessous des paupières", signe "que la pression a dû être maintenue pendant plusieurs minutes et de manière très forte."

C'est la version démontrée par le docteur Paul qui sera retenue. Gaston Guyot est condamné à mort. Sa chance est de l'être alors que le président de l'époque - Gaston Doumergue - est abolitionniste. La peine de Gaston Guyot est donc réaménagée en une perpétuité avec travaux forcés en Guyane. L'affaire restera tout de même un exemple pour démontrer la portée décisive de la médecine légale. "Charles Paul est un des précurseurs et l'un des meilleurs exemples de la médecine légale moderne", conclut Bernard Marc.