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Rémi Bostsarron, édité par Margaux Baralon , modifié à
Dans l'Aude, Louis, petit garçon de 4 ans, est au cœur d'une bataille judiciaire qui oppose sa mère française et son père japonais. Ce dernier ayant obtenu sa garde, l'enfant a été renvoyé jeudi au Japon avec lui.

C'est en début d'après-midi, jeudi, que les gendarmes sont entrés dans la maison de Marine et de son fils, Louis. Jusqu'au bout, cette jeune mère qui habite dans l'Aude aura tout tenté pour éviter que son garçon de 4 ans ne soit confié à son père japonais, dont elle a voulu se séparer mais qui a obtenu la garde de l'enfant. En pleurs, agrippé à sa maman alors que se tenaient autour d'eux les membres du comité de soutien créé pour les accompagner dans cette longue bataille judiciaire, Louis a fini par partir.

Deux ans de bataille judiciaire

Ses proches, notamment sa grand-mère Viviane, sont restés sonnés. "J'ai trouvé ça vraiment très cruel pour cet enfant", témoigne-t-elle au micro d'Europe 1. "C'est inhumain, ça me révolte. On n'a plus de mots. On est épuisés." Cela fait deux ans que Marine et sa famille luttent pied à pied. En 2017, la jeune femme, qui vivait au Japon avec son mari et Louis, était revenue en France pour les vacances. Elle avait alors expliqué à sa famille être victime de violences conjugales, vouloir rester dans son pays et demander le divorce. 

Mais son mari japonais, de son côté, a saisi la justice pour enlèvement d'enfant, en s'appuyant sur la Convention de La Haye qui lui a donné raison. Selon Viviane, Marine n'a pu fournir les preuves suffisantes pour attester des violences conjugales. Et comme la loi japonaise ne prévoit pas de garde partagée pour les enfants de divorcés, et favorise toujours le parent japonais en cas de couple binational, l'époux avait donc le droit de venir récupérer Louis. Après un procès, deux appels et deux pourvois en Cassation, Marine a épuisé tous ses recours.

"C'est d'une violence inouïe"

Jeudi, le père venu récupérer Louis n'a pas dit un mot, selon les témoins présents. Il a préféré laisser la parole à son avocate. Le petit Louis est parti avec deux valises, préparées avec les parents de son meilleur ami. À l’intérieur, des photos de sa vie en France pour qu’il ne l’oublie pas. "La justice ne nous a jamais entendus, le père n’a jamais rien eu à prouver et là on lui déroule le tapis rouge. C’est d’une violence inouïe", souffle Viviane.

 

Que va-t-il advenir de Louis, qui repart dans un pays où il est né mais dont il ne parle pas la langue ? Impossible de le savoir pour sa mère, qui dit n'avoir aucune information. Elle ne sait pas exactement quand il quittera le territoire français. Son mari a expliqué qu'elle pourrait venir le voir, mais elle n'a plus de visa et ne peut de toute façon pas obtenir la garde. Marine se prépare donc à ne plus voir son fils jusqu'à sa majorité. La loi japonaise fixe celle-ci à l'âge de 20 ans.