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Yohann Tritz, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé samedi "une remise à la pompe de 15 centimes" à destination de tous les automobilistes, frappés par la flambée des prix des carburants. La mesure est globalement bien accueillie, mais certains pointent du doigt son caractère électoraliste, et prônent d'autres solutions à plus long terme.

"Forcément, c'est une bonne mesure, elle était nécessaire", souligne Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d'automobilistes, au micro d'Europe 1. Mais il y a un mais : "Elle n'est que temporaire, elle ne fait que reculer le problème." Les avis sont partagés au lendemain de l'annonce du Premier ministre Jean Castex, qui a promis "une remise de 15 centimes à la pompe" pour tous les automobilistes dès le 1er avril, et ce sur une durée de quatre mois. Cette "remise", qui concernera tous les carburants, doit coûter environ deux milliards d'euros à l'État.

La "dimension électorale" pointée du doigt

"Les Français vivent une période où les prix des carburants ne cessent de monter. Le gouvernement n'a rien fait parce qu'il y a une dimension électorale derrière", tonne Pierre Chasseray sur Europe 1. "Il fallait mettre en place cette mesure au plus proche de la présidentielle", poursuit-il, en s'interrogeant : "Je suis quand même assez surpris que ça tombe maintenant après avoir entendu les sornettes de Bruno Le Maire, qui nous a expliqué pendant des semaines qu'on ne pouvait pas le faire. Aujourd'hui, l'État est contraint à faire ce geste."

Et le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes de souligner qu'une "réduction de 15 centimes sur le prix des carburants ne coûte rien à l'État. Actuellement, on est dans une situation de trop-perçu. Donc, le plus grand gagnant de cette hausse des prix du baril, c'est l'État." Si Pierre Chasseray salue le fait que l'erreur soit "corrigée", il estime finalement que cette baisse "va faire du bien aux automobilistes. C'est une bonne chose, mais on peut aller un petit peu plus loin", tempère-t-il tout de même.

Faut-il plutôt réformer la TVA ?

"Est-ce qu'il est normal, sur des biens essentiels, que le consommateur soit la vache à lait ?", lance quant à lui Alain Bazot, président d'UFC Que choisir, au micro d'Europe 1. Cette mesure ponctuelle n'est pas une bonne solution, selon lui. "Je n'arrive pas à comprendre que l'État ponctionne énormément, se fait du gras à la faveur de l'augmentation des prix, pour un prix redistribué. Il ferait mieux de ne pas prendre au départ, et il n'aurait pas à redistribuer", avance le président d'UFC Que choisir.

Pour illustrer son propos, Alain Bazot pointe un défaut de la mesure : "En 2021, le prix du gazole était en moyenne à 1,40 euros, ce qui fait 23 centimes de TVA. Depuis que le gazole est passé à deux euros, le gouvernement récupère 33 centimes, donc il a beau jeu après de rendre généreusement 15 centimes alors qu'il en prélève 33." Le président d'UFC Que choisir explique donc qu'il est favorable à l'ouverture d'un débat sur la TVA "injuste", qui concerne "les biens de dépenses courantes et les biens essentiels."