Cannabis : l'Assemblée vote la création d'une amende forfaitaire de 200 euros

700.000 personnes fument quotidiennement du cannabis en France, selon les chiffres officiels.
700.000 personnes fument quotidiennement du cannabis en France, selon les chiffres officiels. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
La consommation de cannabis sera désormais sanctionnée d'une amende forfaitaire de 200 euros, mais pourra toujours être poursuivie devant un tribunal correctionnel. 

L'Assemblée nationale a voté vendredi soir la création d'une amende forfaitaire de 200 euros pour mieux sanctionner l'usage illicite de stupéfiants, jusqu'alors réprimé uniquement par une peine de prison et une forte amende, peu souvent prononcées. L'article, adopté par les députés par 28 voix contre 14 lors de l'examen en première lecture du projet de réforme de la justice, entend ainsi répondre à l'augmentation constante du nombre de consommateurs de cannabis : 5 millions en 2017, dont 700.000 usagers quotidiens, selon les chiffres officiels.

La poursuite devant un tribunal reste possible. La ministre de la Justice Nicole Belloubet a défendu une mesure qui "résulte d'un travail important" de la mission d'information parlementaire sur le cannabis menée notamment par Eric Pouillat (LREM), assurant que l'amende forfaitaire "marche bien pour d'autres types de contraventions". Elle a également insisté sur "la palette de réponses possibles", le ministère public conservant la possibilité de poursuivre l'infraction devant le tribunal correctionnel. Le cadre répressif instauré depuis 1970 prévoit, quelle que soit la drogue, que le contrevenant risque jusqu'à un an de prison et 3.750 euros d'amende.

Plusieurs élus de gauche ont pointé l'absence de réponse sanitaire avec cette mesure, la ministre leur rétorquant que l'amende "n'entraînera pas de rupture dans la réponse de santé publique". L'amende forfaitaire, qui était initialement de 300 euros, a été revue à la baisse en commission à 200 euros pour ne pas se heurter à l'insolvabilité des usagers. Plusieurs associations, certains magistrats et policiers ont prédit "l'échec annoncé" d'une énième mesure répressive.

L'amende forfaitaire étendue à d'autres délits. Outre l'usage illicite de stupéfiants, l'article étend le champ d'application de l'amende forfaitaire à d'autres délits, dont la vente et l'offre d'alcool à un mineur et le transport routier en violation des limites horaires. Les députés ont ajouté en commission le délit de vente à la sauvette, la ministre s'engageant aussi en séance à créer "par voie réglementaire" une contravention pour sanctionner l'achat de tabac vendu à la sauvette, en réponse à une demande d'élus LREM. À l'initiative également de "marcheurs", les députés ont encore ajouté le délit d'occupation de halls d'immeubles à l'amende forfaitaire. La ministre a émis un avis de "sagesse", arguant notamment du risque d'"oppositions systématiques" car les infractions seront "trop compliquées" à caractériser. Ils ont par ailleurs étendu la procédure de l'amende forfaitaire aux contraventions sanctionnant les mauvais traitements envers les animaux.