Bure : perquisitions chez des militants anti-Cigéo, sept interpellations

Ce sont trois actions commises en 2017 qui ont justifié ces perquisitions, a indiqué le parquet.
Ce sont trois actions commises en 2017 qui ont justifié ces perquisitions, a indiqué le parquet. © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Sept opposants au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure, dont un avocat parisien, ont été interpellés mercredi matin, a indiqué le parquet.

Sept opposants au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (projet Cigéo, dans la Meuse), dont un avocat parisien, ont été interpellés mercredi matin lors d'une série de perquisitions dans neuf habitations privées et collectives, a indiqué le parquet.

Les perquisitions, qui ont débuté à 07h, ont été réalisées "dans le cadre d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction" portant sur trois actions commises en 2017, a indiqué le procureur de la République à Bar-le-Duc, Olivier Glady. Sont concernés, un départ d'incendie volontaire commis par des militants en juin dans l'hôtel-restaurant du laboratoire de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), des dégradations commises à l'écothèque, bâtiment appartenant également à l'Andra, et une manifestation illégale, le 15 août, au cours de laquelle des violences avaient éclaté entre opposants et forces de l'ordre.

Des gardes à vue qui peuvent durer jusqu'à 48 ou 96 heures. Les sept personnes interpellées, âgées de 20 à 60 ans, sont soupçonnées d'avoir participé "aux trois actions, à l'une des trois ou à la préparation de ces différentes actions", et leur garde à vue peut durer jusqu'à 48 heures ou 96 heures, a précisé Olivier Glady. Parmi les suspects figure un avocat parisien, principal conseil des anti-Cigéo, dont le domicile a été perquisitionné, a-t-il indiqué. "Plus de 200 gendarmes, enquêteurs et militaires destinés au maintien de l'ordre" ont été mobilisés pour ces perquisitions qui visaient notamment la "Maison de résistance", à Bure, où l'ambiance était "plutôt calme", selon le procureur.  Une personne a néanmoins été interpellée pour rébellion, a-t-il ajouté.

Une réponse politique "à une mobilisation de 3.000 personnes". C'est une "nouvelle preuve de la dérive sécuritaire du gouvernement, qui traite des militant(e)s et des habitant(e)s comme des terroristes pour essayer de détourner l'attention des problèmes colossaux posés par Cigéo", a réagi le réseau Sortir du nucléaire dans un communiqué. "Il s'agit de la vague de perquisitions la plus lourde jamais subie dans le mouvement", souligne-t-il. "Ce n'est pas un hasard si c'est après (la manifestation antinucléaire de samedi), même si ça concerne des actions antérieures: c'est une manière de répondre politiquement à une mobilisation de 3.000 personnes", a dénoncé Juliette Geoffroy, du Comité contre l'enfouissement des déchets nucléaires (Cedra), regrettant "un rapport de force constant".

Deux opposants incarcérés. Samedi, entre 1.000 et plus de 3.000 personnes, selon la préfecture et les organisateurs, ont défilé à Bar-le-Duc pour protester contre le projet Cigéo, mené par l'Andra, qui vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets les plus radioactifs ou à vie longue du parc nucléaire français. Parmi les six personnes interpellées lors de cette manifestation émaillée de dégradations et de heurts avec les force de l'ordre, deux hommes ont été incarcérés lundi après avoir été condamnés en comparution immédiate. Les antinucléaires ont appelé à des rassemblements de soutien à 18h devant les préfectures. Quelque 150 gendarmes avaient déjà effectué plusieurs perquisitions en septembre 2017 dans le cadre de cette même affaire.