Bagarre Booba-Kaaris à Orly : "Ce n'est pas bon pour la jeunesse mais c'est bon pour leur business"

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Aude Vernuccio et Justin Morin, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Si Booba et Kaaris risquent jusqu'à dix ans de prison pour leur bagarre à Orly, les deux rappeurs sont loin d'être perdants. C'est le point de vue de ces jeunes que notre reporter a rencontrés.
REPORTAGE

L'heure des comptes est arrivée pour Booba et Kaaris, après leur bagarre à Orly début août. Les deux rappeurs comparaissent jeudi devant le tribunal correctionnel de Créteil pour s'expliquer. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison mais cette affaire leur a déjà rapporté beaucoup en notoriété. A ce stade, ils ne sont pas perdants, estiment plusieurs jeunes que notre reporter a rencontrés mercredi dans le 20e arrondissement de Paris.

Adia, 16 ans, a tout suivi. Et aujourd'hui, elle n'imagine pas les rappeurs en prison. "Il y a plein d'affaires plus graves. Par exemple, l'affaire Benalla, il ne risque pas dix ans de prison. Une bagarre, ce n'est pas une raison pour faire de la prison", estime-t-elle.

 

Pourra-t-on suivre le procès Booba vs. Kaaris sur Twitter ?

"Ça va leur donner un peu de crédibilité". L'ado reprend exactement l'argument tweeté par Booba, preuve d'une communication bien rodée selon Aziz, maillot des Bleus avec deux étoiles sur le dos, et son ami Alan. "C'est un peu bénef' pour eux. Ça va leur donner un peu de crédibilité", explique le premier. "De la crédibilité auprès des jeunes. C'est ce qu'on appelle la street crédibility", complète le second. La "street credibility", c'est-à-dire la reconnaissance dans le milieu de la rue.

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"Il y a plein d'affaires plus graves." Si leur rencontre à Orly n'est due qu'au hasard, Booba et Kaaris ont sauté sur l'occasion pour se faire de la publicité. Clashs, vidéos, messages interposés... Les deux pères de famille ont tout relayé sur les réseaux sociaux en permanence. Booba est même allé jusqu'à tweeter depuis sa cellule alors qu'il était en détention provisoire.

Miguel, lui, n'apprécie pas le message mais il reconnaît toutefois l'habileté des rappeurs en terme de communication : "Ce n'est pas bon pour la jeunesse mais c'est bon pour leur business. Ils vont vendre. Ça intéresse tout le monde. Avant, Booba et Kaaris étaient connus du public hip hop. Aujourd'hui, on demande à ma mère qui est Kaaris, elle connaît alors qu'avant elle ne connaissait pas. C'est ça le rap, plus t'es un bad boy, mieux c'est. Les jeunes, c'est ce qu'ils aiment, dès qu'il y a une petite bagarre, ils sont à l'affût. On est à l'époque de Snapchat, YouTube. C'est l'époque qui veut ça", conclut-il. Un coup médiatique très bien réussi, en somme.