Aulnay-sous-Bois : le policier a "enfoncé" la matraque "volontairement", affirme Théo

Théo a été violé par la matraque d'un policier lors de son interpellation à la cité des 3.000.
Théo a été violé par la matraque d'un policier lors de son interpellation à la cité des 3.000. © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Théo a été gravement blessé à la zone rectale, violé par la matraque d'un policier, lors de son interpellation jeudi dernier à Aulnay-sous-Bois. Il a fait le récit de son interpellation.

Il évoque les crachats, les insultes et surtout les violences subies. Le jeune homme de 22 ans blessé à coups de matraque lors de son interpellation, jeudi, à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, a livré lundi sa version des faits, enregistrée par son avocat. Jeudi, vers 17h, Théo traverse "la place du Cap", au cœur de la cité des 3.000, quand il "croise des jeunes du quartier". "Les policiers arrivent à ma hauteur et disent : 'Tous contre le mur'", raconte-t-il dans un enregistrement audio diffusé par la chaîne d'information.  

Il se place devant les caméras. "J'ai mes écouteurs, je ne comprends pas ce qui se passe. A leur façon de parler, je me dis : 'Ils ne sont pas là pour rigoler.' Je me mets contre le mur, tranquillement, et là, un des policiers vient et m'assène un coup", dit-il. "Dans le coin où on était, il n'y a pas de caméra (de vidéosurveillance). Je me dis : 'Il faut que je me débatte le mieux que je peux pour que j'arrive devant les caméras'", poursuit le jeune homme.

"Je n'avais plus de force, on dirait que mon corps m'avait laissé"

"J'étais de trois quarts, je voyais ce qu'il faisait derrière moi. Je l'ai vu avec sa matraque : il me l'a enfoncée dans les fesses, volontairement. Je suis tombé sur le ventre, je n'avais plus de force, on dirait que mon corps m'avait laissé", décrit-il. Ensuite, "ils m'ont mis les menottes et m'ont dit : 'Assieds-toi maintenant'. Je leur ai dit : 'Je peux pas m'asseoir, je sens plus mes fesses'". "Quand ils m'ont mis dans la voiture, ils m'ont mis plein de coups, des patates, m'ont matraqué les parties intimes, m'ont craché dessus, traité de 'négro', 'bamboula', 'salope'", ajoute-t-il.

"Je n'arrive pas à m'asseoir". "Arrivé au commissariat, un policier m'a dit : 'Assieds-toi.' Je lui ai dit : 'Monsieur, je n'arrive pas à m'asseoir.' Il m'a dit : 'Allonge-toi, on va quand même t'attacher au banc parce que c'est la procédure.' Là, le policier qui était au commissariat, il a vu que j'étais vraiment mal, il a vu que je saignais beaucoup. Il a dit : 'Je pense qu'il faut l'amener se faire opérer, c'est grave'", conclut-il.

Gravement blessé au niveau de la zone rectale, le jeune homme, qui a dû être opéré, était toujours hospitalisé lundi. Il s'est vu prescrire par un médecin de l'hôpital 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT). Dimanche soir, un policier a été mis en examen pour viol et trois de ses collègues pour violences volontaires en réunion. Les quatre fonctionnaires ont été suspendus de leurs fonctions. Lundi, une marche était organisée à Aulnay-sous-Bois pour réclamer "Justice pour Théo" et dénoncer les violences policières.