La place Beauvau, dans le 8ᵉ arrondissement de Paris, siège du ministère de l'Intérieur. (Image d'illustration) 1:40
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Gwladys Laffitte, édité par Romain David
La reprise du Beauvau de la sécurité jeudi est centrée sur la doctrine du maintien de l'ordre. En juin, le Conseil d'État a contraint le gouvernement à revoir sa copie, notamment après avoir retoqué la technique dite de la "nasse", jugée entravante pour certaines libertés fondamentales.

Le Beauvau de la sécurité, grande consultation entre l’exécutif et les syndicats de police, reprend jeudi avec une table ronde consacrée au maintien de l’ordre. En pleine crise des "gilets jaunes", la doctrine française en la matière a changé, se montrant plus offensive, ce qui a provoqué la colère des défenseurs des libertés publiques. En septembre dernier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait publié une nouvelle doctrine, baptisée "schéma national du maintien de l’ordre", pour apaiser les tensions. Mais, à peine publié, elle a été en partie retoquée le 10 juin par le Conseil d’État. Le ministère de l'Intérieur doit donc revoir sa copie.

Préserver les libertés de manifester, d'aller et venir, et d'informer

C’est notamment la technique dite de la "nasse", c’est-à-dire l’encerclement des manifestants par les forces de l’ordre, qui a fait tiquer la plus haute juridiction administrative française. Elle estime que cette technique est "susceptible d’affecter significativement la liberté de manifester et de porter atteinte à la liberté d’aller et venir". Les autres mesures annulées par le  Conseil d'État - quatre au total - concernent les journalistes. 

"Un sujet qui est éminemment polémique et politique"

"Des ajustements seront faits", nous dit-on du côté du ministère de l’Intérieur.

Mais au-delà de ces dispositions particulières, c’est la doctrine générale qui sera encore au cœur des discussions. "Qu'est ce qu'on fait en matière d'équipement et d'armement ? Qu'est ce qu'on fait en terme de technique de dispersion ? Est-ce que l'on cherche ou non à interpeller les fauteurs de troubles ? Ce sont autant d'arbitrages qui sont extrêmement compliqués à mener dans un sujet qui est éminemment polémique et politique", pointe auprès d’Europe 1 Matthieu Zagrodzki, spécialiste des questions de sécurité.

Pour répondre à des manifestations parfois violentes, une unité spéciale de CRS a été imaginée, opérationnelle depuis le début du mois : la "CRS 8", basée en Île-de-France, mobilisable 24h sur 24h, sept jours sur sept, et dotée d’équipements optimisés. Il s’agit encore d’une expérimentation, mais qui a vocation à être généralisée selon Gérald Darmanin.