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avec Benjamin Peter et AFP , modifié à
Trois semaines, jour pour jour, après les attaques terroristes de l'Aude, le super U de Trèbes, où trois personnes ont été tuées, a rouvert.
REPORTAGE

Dans l'émotion et sous les applaudissements, le Super U de Trèbes, théâtre d'une prise d'otages meurtrière le 23 mars, a rouvert ses portes jeudi matin, en présence d'une foule de clients venus dire leur solidarité aux employés traumatisés par l'attentat islamiste.

Les clients présents sur le parking. "On triomphera de la barbarie, unis", a lancé le préfet de l'Aude Alain Thirion, dans un lourd silence, avant de lire, en signe de résistance, le poème de Louis Aragon La rose et le réséda. Presque trois semaines jour pour jour après l'attaque du djihadiste Radouane Ladkim qui a fait quatre morts, dont trois dans le magasin, les clients s'étaient massés sous un ciel capricieux, sur le parking du supermarché, sous la surveillance discrète des gendarmes, et en présence de nombreux journalistes.

Des brassards "Solidarité Trèbes". "C'est important de venir", a déclaré Marie, une habitante de Floure. "On veut les retrouver", a souligné cette octogénaire en parlant des employés du Super U, "pas forcément parler avec eux, je n'aurais peut-être pas ce courage, mais faire acte de présence, montrer que la vie continue et qu'on n'a pas peur". Sous les applaudissements, les employés de Super U, certains en larmes, se sont alignés devant l'entrée principale. Plusieurs portant un brassard "solidarité Trèbes" sont venus de l'extérieur apporter leur concours.

"Je venais tous les jours". Debout sur une estrade noire, le PDG du magasin Eric de la Jonquière, des sanglots dans la voix, la main tremblante, a ensuite remercié les clients "pour leurs témoignages et leur immense solidarité". Les bénéfices réalisés lors de cette journée de réouverture iront aux victimes et à leurs familles. Sous les "mercis" et les "bravos" de l'assistance, les portes du magasin se sont alors ouvertes et les nombreux clients, poussant leurs chariots, ont pénétré dans le magasin. "On ne change pas nos habitudes, moi je venais tous les jours", a déclaré Marc Gentet, 67 ans, un habitant de Trèbes. "Je connaissais tout le monde, et évidemment on a été très choqués", a-t-il dit.

Reprendre le travail pour se reconstruire. A l'intérieur du supermarché de 2.000 m², pas la moindre trace de la violence de l'attaque du 23 mars. L'accueil a été réaménagé pour effacer les repères visuels, car c'est là que les événements se sont surtout concentrés, a indiqué Thierry Desouches, responsable des relations extérieures du groupe Système U. "Reprendre une vie normale c'est compliqué", a observé Quentin, un jeune employé du rayon bazar, "nous sommes tous très touchés de voir tant de monde derrière nous". "Mais reprendre le travail permet de se reconstruire, il faut aller de l'avant sans oublier ce qui s'est passé".

Sur un effectif de 48, 38 collaborateurs du Super U de Trèbes ont repris le travail sur la base du volontariat. Au rayon boucherie, Jacquy, le collègue de Christian Medves, le premier à avoir été abattu, a gardé le silence.