Anthony, 43 ans, est épanoui dans sa vie de routier : "Ma vie est parfaite, je ne peux pas me plaindre"

© FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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Guilhem Dedoyard , modifié à
Anthony, 43 ans, est routier depuis plus de vingt ans et il adore son métier. Ce fidèle auditeur de la Libre antenne raconte à Olivier Delacroix, sur Europe 1, la liberté qu'il ressent sur les routes de France et d'Europe. Au volant de son camion, il a le sentiment d'être réellement utile. 

Anthony arpente les routes de France et d'Europe depuis plus de vingt ans comme chauffeur routier. Enfant placé à la DDASS, il a décidé de suivre sa passion et de faire "les bons choix" afin de devenir routier. Ce métier le passionne, mais surtout, il a le sentiment de faire quelque chose de bien lorsqu'il fait ses livraisons. Son métier l'a fait voyager aux quatre coins de l'Europe. Il est désormais revenu en France et en horaires de nuit pour concilier au mieux son travail et sa vie de famille. Depuis deux mois, il écoute la Libre antenne d'Europe 1 pendant ses trajets et voulait témoigner de son bonheur et de son attachement pour l'émission, au micro d'Olivier Delacroix.

"Ça a commencé quand j'étais tout petit, j'ai vécu un drame familial, j'ai perdu mes parents dans un accident de voiture. J'ai suivi le parcours classique, à la DDASS, mais avec des belles rencontres qui m'ont sauvé. J'ai rencontré un éducateur qui s'est fâché et qui m'a dit 'soit tu prends ce chemin-là, et tu seras tout seul, soit tu acceptes mes violences verbales et mes serrages de vis, et tu seras quelqu'un de bien'. J'aurais peut-être été en prison sans cela, parce que je n'étais pas le petit enfant sage comme on voit dans les livres. 

J'ai pris cette chance, j'ai suivi cette personne. Toute ma vie j'ai dit : 'il y aura toujours un choix à faire, le bon où le mauvais', et j'ai toujours essayé d'aller vers le bon. J'aimais les camions, j'ai passé le permis, passé des écoles pour conduire. J'ai vécu ma vie d'ado, de pré-adulte, d'adulte pour être routier, je me suis toujours donné les moyens de faire ce que je voulais, quitte à galérer un peu.

Entendu sur europe1 :
Mon travail est bénéfique, donc je suis content de le faire

Il y a vingt-cinq ans quand on commençait dans ce métier-là ce n'était pas la même chose, il n'y avait pas les camions d'aujourd'hui, il n'y avait pas la technologie qui nous facilite la vie aujourd'hui en tant que routier, comme les GPS. Ça nous change la vie, il faut être honnête. Aujourd'hui, il ne faut plus avoir des bras trois fois plus gros que ses cuisses pour tourner un volant, tout est assisté.

Je me fais plaisir avec mon travail, j'ai l'impression d'être utile de temps en temps. Quand il y a des mouvements un peu compliqué entre le peuple et le gouvernement et que les camions s'arrêtent, on voit que c'est tout de suite la panique en France. Parce qu'il n'y a plus d'essence, plus à manger, plus rien. Donc je suis utile. Quand je charge des camions complets de jouets, ou de choses agréables, que j'amène dans des magasins, pour qu'après des gens comme moi les achètent, et font plaisir à d'autres gens, je me dis que les 800 kilomètres d'avant, ça a été bénéfique. Mon travail est bénéfique, donc je suis content de le faire. Ça m'apporte une certaine joie. 

Entendu sur europe1 :
Quand j'étais plus jeune, je faisais toute l'Europe, je partais trois semaines dans mon camion sans rentrer chez moi

J'ai 43 ans et je fais un métier ultra passionnant. Mon métier me permet de voyager, ça fait 23 ans que je conduis des camions. J'ai commencé par de l'international, donc j'ai fait toute l'ancienne Europe, du sud jusqu'à la Scandinavie. C'est une chance inouïe de faire ça à 20 ans. Je partais trois semaines dans mon camion sans rentrer chez moi. 

Entendu sur europe1 :
C'est un travail qui est hyper gratifiant

Ce n'est plus le cas maintenant. Maintenant, la vie de famille rentre en compte, je ne pars plus qu'à la semaine, du dimanche au vendredi ou samedi, et je roule principalement la nuit. C'est plus facile, il y a moins de gens sur les routes, donc on va un peu plus vite. Sachant qu'on est quand même très surveillés, très cadrés dans notre métier, pour éviter des accidents, des infractions. On n'a plus la liberté d'il y a vingt ou trente ans, mais c'est un travail qui est hyper gratifiant. Aujourd'hui je traverse la France uniquement mais c'est sympa, c'est un autre métier dans mon métier.

Moi je commence à 18h et je m'arrête à 5h du matin. La nuit j'écoute beaucoup de musiques sur Spotify, et il y a deux mois, par hasard, j'ai allumé la radio, chose que je ne faisais pas avant, et je suis tombé sur vous. J'ai trouvé l'émission sympa, du coup maintenant je coupe systématiquement ce que je fais pour vous écouter, je n'écoute que vous. Je voulais appeler. Ce n'est pas toujours évident de s'arrêter car on a quand même des délais de livraison à assurer. C'est délicat pour moi, qui n'ait pas de problème, d'intervenir dans la Libre antenne, parce qu'il y a tellement de gens qui souffrent. Ma vie est parfaite, je ne peux pas me plaindre, je n'ai pas de raison de me plaindre."