AP-HP : polémique autour des impayés du roi d'Arabie Saoudite

Hôpitaux universitaires La Pitié Salpêtrière.
Hôpitaux universitaires La Pitié Salpêtrière (photo d'illustration) © OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP
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François Geffrier et C.B , modifié à
Après huit jours passés en France, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud a laissé 3.700.000 euros d'impayés auprès de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

La visite du roi d'Arabie Saoudite n'a pas fini de faire couler de l'encre. Après la privatisation d'une plage située à proximité de sa villa de Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, une nouvelle polémique vise Salmane ben Abdelaziz Al Saoud. En cause cette fois-ci : l'ardoise de 3.700.000 d'euros qu'il aurait laissée auprès de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). C'est l'urgentiste Patrick Pelloux qui s'en est agacé lundi soir sur Twitter. Une sommes confirmée par l'AP-HP auprès du Parisien et qui comprend les dettes de toute l'Arabie Saoudite, les particuliers, les organismes et l'ambassade à Paris.

"Ça aurait été bien que le roi avant de partir paye ses dettes". "L'ambassade d'Arabie Saoudite doit plus de trois millions d'euros à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) donc ça aurait été bien que le roi avant de partir paye ses dettes. Les hôpitaux de Paris soignent des personnes d'origines étrangères, ça n'a rien à voir avec les sans-papiers ou les plus pauvres, ce sont des gens qui ont énormément de moyens financiers. Mais au moment de quitter les hôpitaux, ils laissent des ardoises et comme ils rentrent dans leurs pays d'origine, on n'arrive pas à recouvrir les factures. Nous ne parlons pas là de pays pauvres, avec des dettes importantes, nous parlons de pays richissimes, qui ont le pétrole, le gaz", détaille l'urgentiste Patrick Pelloux, interrogé par Europe 1.

Des patients richissimes qui partent sans payer. Mais le roi d'Arabie Saoudite est loin d'être le seul à ne pas payer ses factures auprès des hôpitaux. La France est en effet confrontée à un tourisme médical pas toujours bénéfique. Certains riches patients d'Asie, d'Amérique du sud ou du Moyen-Orient se rendent en France pour bénéficier des meilleurs soins. Depuis 2012, les patients étrangers payent 30 % plus cher que les Français, pour la même prise en charge. La France est donc censée y trouver son compte, sauf quand les patients n'honorent pas leur dette, comme c'est le cas du roi d'Arabie Saoudite. L’Algérie, le Maroc et les États-Unis sont les trois pays qui cumulent le plus de dettes envers les hôpitaux de Paris.

"L'assistance publique est trop gentille". Patrick Pelloux propose donc plus de fermeté envers les patients étrangers. "Essayez d'aller vous faire soigner aux Etats-Unis vous allez voir comment vous serez reçu si vous n'avez la carte bleue qui fonctionne. Nous, peut-être que l'assistance publique est trop gentille dans l'accueil de ces gens richissimes  qui viennent se faire soigner. Il faut que nos ambassadeurs disent aux ambassadeurs de ses pays : 'tu es sympa mais tu payes tes dettes'. Les meilleurs amis c'est ceux qui payent leur dette pas ceux qui laissent des ardoises", estime-t-il.

"Faire payer avant le séjour". Un avis partagé par Martin Hirsch, le directeur de l'AP-HP, qui souhaite systématiser le paiement avant tout début de soin. Dans le cas du roi d'Arabie Saoudite, ce n'est pas à lui en personne de payer l'addition, mais son pays. "La meilleure manière c'est de ne plus faire comme avant. Donc de leur faire payer avant le séjour. Pour les Français, il y a la Sécurité sociale, et pour les patients étrangers qui cherchent les soins de qualité à Paris, il y a le fait d'avoir payé à l'avance ou d'avoir un organisme qui s'est porté garant. C'est pour cela que, parallèlement à cette volonté, nous avons remis de l'ordre et écrit à certains organismes qui avaient oublié ce principe simple que, maintenant, ils ne souffriront plus d'exception", a détaillé Martin Hirsch au micro d'Europe 1.

A l'heure actuelle, le tourisme médical rapporte environ 120 millions aux hôpitaux français, selon Jean de Kervasdoué, économiste de la santé.