Agression d'un policier sur une plage marseillaise : 4 jeunes jugés à huis clos

L'agression s'était produite sur la plage des Catalans, à Marseille, en 2013
L'agression s'était produite sur la plage des Catalans, à Marseille, en 2013
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avec AFP , modifié à
Trois jeunes hommes, dont l'un est toujours mineur, et une jeune femme comparaissent pour "violences en réunion sur personne dépositaire de l'autorité publique" devant le tribunal pour enfants, vendredi. 

Ils sont poursuivis pour avoir agressé en juillet 2013 un policier qui tentait de mettre fin à une altercation sur une plage marseillaise, au risque de le noyer : quatre jeunes, tous mineurs au moment des faits, comparaissent vendredi devant le tribunal pour enfants. 

Une trentaine de jeunes. Tout avait commencé sur la plage des Catalans, à Marseille, par une banale réprimande d'un couple à l'encontre d'un groupe de jeunes Marseillais qui avaient, à plusieurs reprises, en chahutant, projeté du sable sur leur bébé d'un mois. Selon l'accusation, une trentaine de jeunes, âgés de 12 à 17 ans, avaient alors attendu que le couple se baigne pour les encercler dans l'eau, avant de les insulter et menacer. C'est en intervenant pour mettre fin à cette altercation que Yazid H., policier en poste sur cette plage, avait été à son tour pris à partie.

En intervenant et alors qu'il tentait de maîtriser une jeune fille de 15 ans, Sarah M., qui sera jugée vendredi, Yazid H. avait été roué de coups, selon l'accusation. Il avait fini par tomber à l'eau et plusieurs agresseurs lui avaient maintenu la tête immergée. L'un de ses collègues était alors intervenu en dispersant les jeunes avec une bombe lacrymogène.

Des sanctions "fermes". "Il a vu la mort de très près". A l'époque ministre de l'Intérieur, Manuel Valls avait apporté un soutien appuyé à Yazid H., dont l'agression avait fait grand bruit. L'actuel Premier ministre avait même évoqué "une tentative d'homicide particulièrement grave". Au-delà du traumatisme psychologique, l'homme, aujourd'hui âgé de 38 ans,  souffre encore d'une insensibilité du côté droit du corps, d'une perte d'acuité visuelle et de douleurs de la mâchoire consécutives aux coups reçus. "Je suis très angoissé à l'idée d'aller au tribunal, mais la seule chose qui puisse aider une victime à se reconstruire c'est la reconnaissance de la justice", a-t-il estimé, avouant attendre "des sanctions fermes".

Au terme de l'instruction, le chef de tentative d'homicide avait été abandonné, au profit de celui de "violences en réunion sur personne dépositaire de l'autorité publique", pour lequel comparaissent libres, vendredi, trois jeunes hommes et une jeune femme, âgés aujourd'hui de 18 ou 19 ans. Un autre mineur, âgé aujourd'hui de 17 ans, comparaît, libre lui aussi, pour des menaces proférées un an après l'agression, alors qu'il croisait Yazid H. par hasard dans la rue.                              

"J'ai perdu trois ans de ma vie". Lors de sa première audition au lendemain de l'agression, Sarah M. s'était défendue en expliquant que le policier l'avait attrapée par les cheveux et avait tenté de la noyer, assurant qu'elle ne savait pas qu'il était policier, alors que les témoins interrogés soulignaient que Yazid H. portait un t-shirt siglé "police nationale". Avec la jeune fille, qui reconnait avoir été l'élément déclencheur de la bagarre, un autre mineur, Badis B., a été désigné par des témoins comme celui qui aurait poussé le policier plusieurs fois à l'eau, avant de lui porter des coups. Leurs amis Kassim B. et Sid Ahmed B., eux aussi renvoyés devant le tribunal, ont quant à eux été vus en train de pousser et sauter sur le dos du policier pour l'empêcher de se relever.

"Je leur en veux car ils ont détruit une famille, une carrière, un homme", a déclaré le policier mercredi en évoquant ses agresseurs. Après un arrêt de travail de deux ans, Yazid H. avait été affecté dans un service de prévention. "J'ai perdu trois ans de ma vie, j'espère que ça va se terminer vendredi avec le procès."