Agression de pompiers à Ajaccio à Noël 2015 : des peines jusqu'à 30 mois de prison

Les pompiers avaient été victimes d'un guet-apens. (image d'archives)
Les pompiers avaient été victimes d'un guet-apens. (image d'archives) © PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP
  • Copié
avec AFP
Après l'agression de pompiers au soir du réveillon de Noël en 2015 à Ajaccio, quatre personnes ont été condamnées mardi à de la prison ferme. 

Quatre prévenus ont été condamnés mardi à des peines de 18 à 30 mois de prison pour des violences aggravées contre des pompiers, le 24 décembre 2015 à Ajaccio, des faits qui avaient entraîné des manifestations ponctuées de slogans antimusulmans. Ces quatre prévenus ont en revanche été relaxés par le tribunal correctionnel d'Ajaccio des faits de violences contre un policier. Intervenant pendant la nuit de Noël dans le quartier populaire des Jardins de l'Empereur, un camion de pompiers avait été caillassé par plusieurs dizaines d'hommes cagoulés et armés notamment de clubs de golf criant, selon les témoignages des sauveteurs, "Corses de merde, vous n'êtes pas chez vous". Deux pompiers et un policier avaient été blessés.

Trois personnes jugées par le tribunal pour enfants. Deux autres prévenus n'étaient pas poursuivis pour les violences. L'un a été condamné à six mois de prison avec sursis et 180 heures de travaux d'intérêt général pour intrusion non autorisée dans l'enceinte d'une école et complicité de destruction par incendie, l'autre à dix mois de prison pour port d'arme prohibé. Ils avaient clamé leur innocence concernant les violences. Pompiers et policiers n'avaient pas pu reconnaître les prévenus, les agressions ayant eu lieu dans le quartier plongé dans le noir. Trois autres personnes, mineures au moment des faits, doivent être jugées devant le tribunal pour enfants. Les six prévenus les ont accusés d'être les auteurs des violences vis-à-vis des pompiers.

Des actes antimusulmans. Le tribunal n'a pas été au bout de sa logique", a déclaré Me Antoine Vinier-Orsetti, avocat de deux des prévenus, estimant que "si ces personnes ont été relaxées pour les faits concernant le policier, la même analyse aurait dû être adoptée par le tribunal" concernant les pompiers. Il envisage de faire appel de ces condamnations. Pour Stéphane Nesa, bâtonnier et avocat du service départemental d'incendie et de secours de Corse-du-Sud (Sdis 2A), "la justice est passée", "c'est un signal fort pour rappeler que les pompiers sont là pour nous aider et non pas pour être des souffre-douleurs victimes de caillassages". 

Au lendemain de ces incidents, le 25 décembre 2015, des centaines de personnes avaient dénoncé ces violences devant la préfecture d'Ajaccio. Des manifestants s'étaient ensuite rendus aux Jardins de l'Empereur et dans d'autres quartiers à forte population maghrébine, scandant pour certains "les Arabes dehors". Une salle de sport servant de salle de prière pour les musulmans avait été détériorée et plusieurs actes antimusulmans commis dans l'île.