Affaire Benalla : le couple n’aurait pas menti à la police

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Sur la vidéo des incidents du 1er mai, on voit Alexandre Benalla frapper un manifestant. © Capture d'écran Youtube
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Contrairement à ce qu'avait affirmé Michel Delpuech à l'Assemblée, l'homme et la femme interpellés par Alexandre Benalla le 1er mai étaient bien en possession de leurs papiers et n'ont pas décliné de fausse identité, révèle "Le Monde". 

L'affaire Benalla est loin d'être finie. Le Monde révèle mardi que des rapports de police commandés par le procureur de la République de Paris contredisent les déclarations de plusieurs responsables des forces de l'ordre, notamment celles du préfet de police Michel Delpuech. Contrairement à ce qu'il avait affirmé lors de son audition à l'Assemblée, l'homme et la femme interpellés par Alexandre Benalla le 1er mai place de la Contrescarpe, à Paris, étaient bien en possession de leurs papiers lors de leur arrestation et n'ont pas décliné de fausse identité. Ils n'ont pas non plus fait preuve de "violences graves" contre les CRS.

Pas impliqués dans des violences graves. Le Monde a eu accès à deux rapports de police, commandés par François Molins les 25 et 26 juillet pour obtenir des informations sur le couple malmené par Alexandre Benalla et Vincent Crase lors de la manifestation. L'homme, un cuisinier d'origine grecque, et la femme, une graphiste française, avaient jeté des projectiles sur les CRS lors de la manifestation. Le procureur de la République de Paris souhaitait savoir pourquoi ils n'avaient pas été poursuivis. 

Dans la première réponse, Frédéric Dupuch, directeur de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), "déplore" que le couple n'ait pas été déféré. Il justifie l'absence de poursuites par la masse de travail confiée aux services de police après les débordements. Dans le traitement des interpellés, "priorité [avait] été donnée aux individus suspectés d’avoir participé aux actions les plus violentes, porteurs d’armes, de vêtements noirs, foulards, accessoires de dissimulation, c’est-à-dire les potentiels membres des black blocs", explique-t-il. Or, le couple était habillé normalement. Il précise également qu'aucun des deux n'avait d'antécédents judiciaires.

Véritable identité. Le deuxième rapport, commandé le lendemain, provient de la Sûreté territoriale de Paris. Ses responsables confirment que les forces de l'ordre étaient débordées le 1er mai et ont dû "prioriser". Si les fiches rédigées lors de l'interpellation des manifestants ne faisaient "pas état d’infractions de violences volontaires graves ou répétées", elles ont été relâchées. Or, c'est le cas du couple. La fiche de l'homme de 29 ans fait mention d'un "jet de projectiles (deux bouteilles de bière)", mais stipule que le CRS visé "ne dépose pas plainte". Ce-dernier donne sa véritable identité au policier qui le prend en charge. Idem pour la jeune femme, dont la fiche a été écrite par Philippe Mizerski, le commissaire en civil chargé d’accompagner Alexandre Benalla : elle lui immédiatement présenté ses papiers, selon le rapport.

De nouvelles révélations qui mettent à mal les déclarations de Michel Delpuech. Auditionné par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale le 25 juillet, il avait affirmé que les deux trentenaires "n’avaient pas de papiers sur eux" et avaient "déclaré de fausses identités".