Adjani : "Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n'est pas pour se faire violer !"

Isabelle Adjani
Isabelle Adjani a été récompensée cinq fois du César de la meilleure actrice, notamment pour "La Journée de la jupe". © XAVIER LEOTY / AFP
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B.V. , modifié à
Dans une tribune publiée par le "Journal du dimanche", l'actrice française Isabelle Adjani revient sur le scandale Harvey Weinstein

"Dans les maisons de production ou chez les décideurs, j’ai souvent entendu : 'Toutes des salopes, toutes des putes de toute façon, ces actrices !'" Isabelle Adjani connaît bien la musique qui accompagne le scandale Harvey Weinstein, le super-producteur d'Hollywood déchu face aux accusations en cascades de viols, agressions et harcèlement sexuels. L'actrice française connaît la musique, et elle en déroule les mécanismes dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche.

"Quand le silence se brise, quand la parole se libère et qu’elle est enfin relayée parce qu’il n’est plus possible de remettre en cause le témoignage de dizaines d’actrices devenues célèbres, le scandale éclate et révèle de manière spectaculaire le système de prédation dans toute sa monstruosité", écrit la comédienne, nommée deux fois pour l'Oscar de la meilleure actrice. "Ce qui était acceptable pour l’opinion sans être dit, devient inadmissible, insupportable, surtout dans un pays très puritain, en apparence, comme les États-Unis…"

" En France, c'est autrement sournois "

"Arsenal de défense des prédateurs". "En France, c'est autrement sournois", estime Isabelle Adjani, en vertu des "trois G : galanterie, grivoiserie, goujaterie. Glisser de l’une à l’autre jusqu’à la violence en prétextant le jeu de la séduction est une des armes de l’arsenal de défense des prédateurs et des harceleurs."

Par ailleurs récompensée cinq fois par le César de la meilleure actrice, notamment pour La Journée de la jupe, elle estime enfin qu'il est "grand temps de rappeler que dans libertinage il y a liberté et que quand une femme dit non, elle dit non, que son corps lui appartient et qu’elle seule est libre d’en disposer. Quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n’est pas pour se faire violer !".