A Aulnay-sous-Bois, des locataires en guerre contre Emmaüs Habitat

© Photo d'illustration : ALEXANDER KLEIN / AFP
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Rémi Bostsarron, édité par A.H. , modifié à
Un collectif de locataires de la cité de l'Europe, à Aulnay-sous-Bois, a porté plainte contre le bailleur, Emmaüs Habitat. Leurs logements ont été rénovés il y a deux ans.
REPORTAGE

C'est peut-être un raté de la rénovation urbaine. Dans la cité de l'Europe, à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, des locataires dénoncent les conditions de vie dans leur cité, pourtant réhabilitée il y a seulement deux ans. Ils sont en conflit avec leur bailleur, Emmaüs Habitat. Mises en demeure, plainte en justice… les griefs s'accumulent. Sur place, le climat est de plus en plus tendu.

Des moisissures, des cafards et des rats. Dans la cité, les habitants montrent d'abord la peinture qui s'écaille sur les murs, les digicodes et les ascenseurs en panne. À l'intérieur de certains appartements, on remarque aussi les marques d'humidité. Dans sa salle de bain, Lucie se désole : "Il y a de la moisissure. Tout est pourri ! Il y a des cafards, des rats, il y a tout…" L'amicale des locataires affirme aussi qu'au moment des travaux, aucune précaution n'a été prise concernant l'amiante présente dans les murs.

"Les habitants sont abandonnés". Face à cette situation, l'amicale des locataires dénonce des travaux de mauvaise qualité et un manque d'entretien. Et selon son président, Mohamed Maatoug, dont les parents sont locataires, le bailleur ne veut rien entendre. "C'est un marchand de sommeil ! Les habitants sont abandonnés", dénonce-t-il sur Europe 1. "Le loyer, ils savent le mettre dans la boîte aux lettres. Pour ça, ils sont ponctuels ! Mais les autres problèmes, ils n'arrivent pas à les régler", peste-t-il. 

Des violences physiques et verbales. De son côté, Emmaüs Habitat affirme que "les règles de l’art pour encapsuler l’amiante ont été strictement respectées lors de la réhabilitation", que l’entreprise prestataire chargée de lutter contre la présence d’insectes a effectué des "passages répétés mais qui nécessitent que tous ouvrent leurs portes" et que "le prestataire gérant la ventilation a été remplacé". Mais qu’il a été également constaté "des dégradations volontaires des moteurs en toiture et des ascenseurs".

Pour la directrice générale, Claire Lanly, le problème réside surtout dans le comportement du président de l'amicale des locataires. "On est soumis à un harcèlement qui se traduit par des actes de violence verbale et de violence physique", explique-t-elle. "Le quotidien d'un bailleur social engagé, nous l'exerçons dans des conditions extrêmement difficiles". Il y a quelques jours, une nouvelle réunion de conciliation a eu lieu, mais Emmaüs Habitat a tout simplement refusé d'y participer. Le bailleur affirme cependant que le dialogue se poursuit avec les locataires, mais "par d’autres canaux que celui de la conciliation avec l’amicale".