Zyed et Bouna : "une décision historique"

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avec Jean-Michel Dhuez, Nicolas Poincaré et Chloé Triomphe , modifié à
REACTIONS - Pour les familles et leurs avocats, c'est le soulagement après l'annulation du non-lieu.

La Cour de cassation a annulé mercredi le non-lieu qui avait été prononcé en faveur de deux policiers dans l'enquête sur la mort de deux adolescents, Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois, ouvrant la voie à l'éventuelle tenue d'un procès dans cette affaire qui avait embrasé les banlieues françaises en 2005. Pour les proches des deux victimes, c'est le soulagement.

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"On a voulu caché la vérité"

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"C'est une décision historique car c'était des faits historiques" à estimé Jean-Pierre Mignard au micro d'Europe1. Les deux adolescents sont morts électrocutés sur un site EDF alors qu'ils étaient poursuivis par deux fonctionnaires de Police en octobre 2005. A l'époque, "il a fallu attendre une semaine avant qu'une information judiciaire ne soit ouverte, tellement on a voulu caché la vérité", a rappelé Jean-Pierre Mignard.

Sur l'enquête, l'avocat salue le travail des trois juges d'instructions qui ont été en charge de l'affaire, mais également celui de la police : "un travail immense et remarquable pour aboutir à ce que nous souhaitions : un procès". "Ce procès nous avait été refusé par la cour d'appel de Paris dans un arrêt que nous avions critiqué", a-t-il commenté. "La Cour de cassation, la plus haute juridiction du pays, en a décidé autrement, avec une grande sagesse,  en décidant que l'on étouffait pas  une telle affaire", a-t-il déclaré en évoquant encore l'annulation du non-lieu.

Me Jean-Pierre Mignard, "c'est une décision historique" :

Qu'attend désormais l'avocat ? "Nous attendons désormais la vérité, nous attendons le débat". Espère-t-il une condamnation des policiers ? "Pourquoi croyez-vous que nous nous battons depuis tant d'années, sinon pour dire que ces enfants ont été poursuivis jusqu'à seuil d'un site électrique (…) et que rien n'a été fait pour permettre qu'ils s'en sortent", a répondu Me Mignard. "C'est au juge d'apprécier qu'elle a été la responsabilité des fonctionnaires à ce moment là", a-t-précisé. "Cela  s'appelle  un pays de droit, cela s'appelle une société démocratique".

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"C'est un grand jour"

Pour les familles,  cette décision met fin à sept années d'attente et d'espérance.  Pour Siaka Traoré, frère ainé de Bouna Traoré, c'est un soulagement. " Je suis soulagé, très satisfait et ému. Il suffisait d'y croire et nous n'avons pas baissé les bras. Je remercie mes avocats,  mes proches, les associations, les collectifs", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. Pour le grand frère, qui "remercie" également  la justice, "c'est un événement, c'est un grand jour."

"Les policiers ont la conscience claire"

Du côté des policiers, qui n'étaient pas présents mercredi à l'audience, leur avocat,Me Daniel Merchat, cette décision ne change rien. "Mes clients n'ont pas peur de s'expliquer devant un tribunal. Ils sont convaincus qu'ils n'ont absolument rien à se reprocher", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. "Aller s'expliquer devant une juridiction de jugement lorsque l'on a la conscience claire, ce n'est pas du tout une difficulté", a-t-il conclu.