Xynthia : le maire de La Faute-sur-Mer mis en examen

René Marratier a été mis en examen jeudi pour "homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui"
René Marratier a été mis en examen jeudi pour "homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui" © MAX PPP
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avec agences , modifié à
Un an après la tempête Xynthia, René Marratier est poursuivi pour "homicide involontaire".

"Homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui". Un an après la tempête Xynthia, qui avait fait 29 morts en Vendée dans la nuit du 27 au 28 février 2010, René Marratier, le maire de La Faute-sur-Mer, a été mis en examen jeudi, au terme de sa garde à vue, selon les informations données par son avocat Me Olivier Metzner.

Si René Marratier est mis en examen, c'est qu'il existe à son encontre des indices graves et concordants. Ce que réfute son avocat. "On lui reproche de ne pas avoir respecté des règlements que, pour beaucoup, il ne connaissait pas", a assuré Me Metzner au tribunal des Sables d'Olonne, en assurant que son client "a toujours parfaitement respecté toutes les directives et circulaires qui lui avaient été données".

René Marratier contre-attaque

Au micro d'Europe 1 jeudi soir, Me Metzner a pointé du doigt la responsabilité de Météo-France, soulignant que ce service avait prévenu d'un "risque concernant les habitations mais pas les personnes". "Est-ce que ce service n'est pas responsable ?", s'est interrogé Me Metzner. "Un maire ne peut pas savoir le temps qu'il va faire le lendemain. Le service de Météo France, si", a ajouté l'avocat.

"Quelques heures avant le drame, il a reçu une lettre circulaire préfectorale indiquant un risque de submersion des rivages, en aucun cas des maisons", a également précisé l'avocat de René Marratier. Le préfet avait conseillé "à chacun de rester chez soi" et "ceux qui sont restés à leur domicile comme le conseillait le préfet sont décédés", a ajouté Me Olivier Metzner.

A La Faute-sur-Mer, la plupart des victimes ont péri noyées dans des lotissements construits en dessous du niveau de la mer. Ce drame avait soulevé de nombreuses questions sur les permis de construire délivrés pour ces lotissements situés en zone inondable. Les gendarmes enquêtent depuis plusieurs mois sur différents aspects du drame provoqué par la tempête Xynthia, comme le processus d'alerte, la réactivité des secours, mais aussi les conditions d'urbanisation des lotissements inondés. "Tous les permis de construire accordés par M. Marratier ont été validés par les juridictions administratives", a certifié son avocat.

"Un premier acte judiciaire fort"

Corinne Lepage, l'avocate de l'Association des victimes des inondations du Sud-Vendée (Avif), a salué jeudi soir sur Europe 1 cette mise en examen comme un "premier acte judiciaire fort". "Je suis satisfaite que la justice avance", a-t-elle souligné. "Je ferai ce qu'il faut pour qu'on aille au bout de ce dossier, quels que soient les responsables", a promis l'avocate.

Pour Corinne Lepage, ce n'est "pas tout à fait un hasard si ça tombe sur monsieur Marratier". "C'est quand même lui qui est à l'origine de toute cette urbanisation", a indiqué l'avocate des victimes en évoquant la cuvette où ont péri les 29 personnes.

D'autres responsables entendus

La garde à vue du maire de La Faute-sur-Mer faisait suite à celle de sa première adjointe en charge de l'urbanisme, qui a eu lieu mardi. Françoise Babin, dont le fils est l'un des principaux agents immobiliers de la commune, avait été remise en liberté mercredi. Le 7 avril, un autre membre de la commission d'urbanisme de la commune, par ailleurs responsable d'une entreprise de construction immobilière, avait déjà passé la journée en garde à vue. Le préfet de Vendée avait lui aussi déjà été entendu par les gendarmes en charge de l'enquête, mais sous le statut de simple témoin.