Violences : à l’école primaire aussi

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et Ariane Lavrilleux , modifié à
Les agressions y sont rares mais les menaces de plus en plus fréquentes, notamment des parents.

Mettre des chiffres sur une impression générale de tensions grandissantes au sein de l’école primaire. Tel était l’objectif de l'Observatoire international de la violence à l'école, qui a mené une enquête de victimisation auprès de 11.820 enseignants. Résultat : côté pile, des professeurs qui estiment majoritairement que l’ambiance est "plutôt bonne". Côté face, une violence croissante et un constant inquiétant : elles viennent surtout des parents d’élèves.

35,8% des personnels injuriés, 1% agressés

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 "Les enseignants ne sont pas totalement malheureux, mais plutôt heureux, avec des nuances", a tenu à souligner le professeur Eric Debarbieux, qui a dévoilé cette étude. Et celui qui vient d’être nommé délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire de donner un chiffre : 91,6% des sondés jugent l’ambiance "bonne" ou "plutôt bonne".

Mais d’autres chiffres restent inquiétants : 35,8% des personnels se sont dits victimes d'injures au cours de l’année dernière, 17,1% de menaces, 14% de harcèlement et 3,6% de coups.

La menace est avant tout le fait des parents

S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, c’est celui-ci : un professeur des écoles sur cinq a déjà été insulté par des parents, le plus souvent à la sortie des cours. Et parfois, les parents vont jusqu’à agresser physiquement les enseignants : un peu moins de 1% l’ont vécu, un chiffre qui double lorsqu’ils enseignent en zone éducative prioritaire.

La violence à l’école "n'est pas un problème d'instrus inconnus dans les établissements scolaires", a confirmé le professeur Eric Debarbieux, "la violence est surtout interne à l'établissement et s'inscrit dans la relation éducative avec les parents d'élèves".

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L’école cristallise les craintes des parents pour leur enfant

 

parents, enfants

Si la tension est de plus en plus palpable, c’est avant tout parce que les parents s’inquiètent pour l’avenir de leur progéniture. Craignant qu’un échec scolaire condamne irrémédiablement leur enfant, ces derniers attendent beaucoup de l’école primaire. "Depuis quelques années, les enseignants sont tout le temps obligés de se justifier", confirme Béatrice, qui enseigne dans une école défavorisée du Val d'Oise.

"On vous demande des comptes sur la note que vous avez mise, on vous demande des comptes sur la punition que vous avez donnée, parce qu’ils n’ont pas compris un mot que vous avez mis dans le cahier. Il y a une impression que leur enfant va être en situation d’injustice à l’école, il ne va pas avoir la même chance que les autres. On vous dit que vous êtes responsables, c’est de votre faute", détaille-t-elle, avant de résumer le message envoyé par les parents : "mon enfant doit réussir à l’école".

Les professeurs s’organisent pour "gérer" les parents

Près de la moitié des professeurs sondés (47%) réclament donc une formation sur "la gestion des conflits, la tenue de classe, la psychologie", les relations avec les parents.

Certains n’ont pas attendu et se sont organisés pour trouver des parades, comme dans une école des environs de Montpellier, dans l’Hérault. Après plusieurs agressions, Pascal et ses collègues ont été conduits à instaurer un système pour éviter les dérapages. "On ne peut pas vivre nous comme si l’école n’avait pas changé. Donc on a instauré un système d’entrée et de sortie de l’école de la part des parents qui était plus strict pour éviter qu’un collègue se retrouve tout seul par exemple", témoigne ce professeur.

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