Violences à Poitiers : un étudiant témoigne

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EXCLUSIF - Samuel est sorti de prison vendredi. Il raconte cette manifestation "bizarre" du 10 octobre où tout a dérapé.

C’était le 10 octobre. Ce jour là, des casseurs déferlaient sur la ville de Poitiers, profitant d’une manifestation contre un déplacement de prisonniers pour saccager le centre-ville. Des échauffourées avaient également eu lieu avec les forces de l'ordre. Suite à ces violences, une vingtaine de jeunes avaient été arrêtés, trois condamnés en comparution immédiate à de la prison ferme (un mois ferme et cinq mois avec sursis).

Une affaire qui a suscité beaucoup d'émoi car beaucoup des jeunes pris dans la nasse des policiers étaient de "simples étudiants" qui n’étaient pas venus pour en découdre. Ils n'étaient pas cagoulés, ils avaient juste vu des affiches appelant à manifester. Leur famille et leur amis se sont mobilisés et ont dénoncé le cirque "médiatique" du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui voulait des "sanctions" et vite.

Après 12 jours de prison, les deux étudiants de 20 ans ont été libérés vendredi. La cour d’appel de Poitiers a estimé qu’ils présentaient des garanties suffisantes de représentation pour être remis en liberté.

Parmi ces jeunes, il y avait Samuel, un simple étudiant qui n’était pas masqué. Il raconte cette manifestation "bizarre", où tout a dérapé pour lui.

"Ce n’était pas une manifestation comme les autres. Ils étaient tous cagoulés, en noir. C’était très martial, très cadencé. Ensuite, la manifestation s’est dispersée. Et là, un commissaire nous a reconnus en nous disant "toi et toi, je vous ai vus à la manifestation" et nous a passé les menottes. Plus tard, en garde à vue, on a su que Brice Hortefeux s’était déplacé à Poitiers. Un des policiers nous a dit : "Vous allez prendre pour l’exemple".

Ecoutez-son témoignage au micro Europe 1 d’Emilie Denêtre :

Un groupe de militants autonomes a revendiqué auprès du quotidien Le Monde l'action commando menée le 10 octobre à Poitiers. Tous ceux qui ont été interpellés et condamnés lors de cette manifestation nient avoir participé aux violences.

Le parquet a jugé trop clémentes les sentences prononcées en comparution immédiate et fait appel des condamnations visant les deux étudiants. Leur procès en appel est prévu le 10 décembre.

Europe 1.fr avec Emilie Denêtre