"Une décision que je vis difficilement"

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Propos recueillis par Nicolas Chauvin
Albert Dupuy, le préfet de l’Isère démis de ses fonctions mercredi, ne cache pas son émotion.

Dans quelques jours, Albert Dupuy, 63 ans, ne sera officiellement plus préfet de l’Isère. Nommé en décembre 2008, le haut fonctionnaire a été démis de ses fonctions mercredi par Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat souhaite installer à sa place l’ancien policier Eric Le Douaron, actuel préfet de la Meuse, après les violences qui ont frappé le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, en début de semaine.

"Mon sentiment personnel, c’est une émotion certaine", admet Albert Dupuy, la voix chevrotante, au micro d’Europe 1. Le fonctionnaire ne conteste toutefois pas son éviction sur le fond. "Je n’ai pas de commentaire à faire sur la décision du président de la République, qui est une décision politique forte. Il veut marquer par le choix de mon successeur sa détermination à gagner la guerre, car c’est une guerre."

Ecoutez Albert Dupuy :

"Je revois le sourire des gens"

Mais l’émotion est palpable. "C’est une décision que je respecte, mais que personnellement je vis difficilement, chacun le comprendra", assure celui qui fut directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Emploi, en juillet et août 2006. "Ce que je ressens, c’est que je revois le sourire des gens, des habitants que j’ai croisés tout à l’heure, dans les rues de Grenoble."

De l’émotion, et des regrets. "Il y a quelque part un sentiment d’inachevé", déplore Albert Dupuy, fataliste : "c’est la vie d’un fonctionnaire de l’Etat. Mais j’ai eu l’occasion de dire que je n’avais pas d’états d’âme. Ceux qui me connaissent savent que c’est le cas."