"Une campagne contre Benoît XVI"

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Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a pris la défense du Pape, attaqué sur la pédophilie.

Alors que l’Eglise catholique est actuellement secouée par des affaires de pédophilie, ses membres se resserrent autour de Benoît XVI, personnellement attaqué pour avoir dans le passé couvert de telles affaires. André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a lui aussi pris la défense du Pape. "Il y a une campagne médiatique contre le Pape. Le mécanisme qui consiste à apporter chaque jour un élément supplémentaire d’accusation à l’égard du pape me paraît tout à fait à côté du sujet", a estimé dimanche le président de la Conférence des évêques de France dans le cadre du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien-Aujourd’hui en France.

Les reproches adressés au pape portent principalement sur l’époque où Joseph Ratzinger était préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi (1981-2004), et aurait donc passé sous silence des faits de pédophilie. "L’action du cardinal Ratzinger n’a pas eu pour objet de cacher les affaires. Au contraire, il a voulu extraire les affaires du traitement local, où il y avait des problèmes de liberté, et qu’en les faisant remonter à la Congrégation, il donnait une bouffée d’oxygène pour avoir plus de libertés sur la sanction à prendre", a répondu André Vingt-Trois.

Pour l’archevêque, c’est la personnalité du Pape qui est attaquée. "Il y a quelque chose qui est particulier à Benoît XVI. Il a une personnalité qui peut donner prise à une certaine agressivité. Il a un fonctionnement intellectuel particulièrement rigoureux. Cette grande rigueur n’est pas ajusté aux modes de communication actuelle", a-t-il jugé. "La démission du Pape ne serait pas une bonne solution. Ce serait donner la prime à ceux qui focalisent le débat sur lui plutôt que sur la pédophilie. C’est un problème dramatique de nos sociétés, et on est en train d’en faire un problème de l’Eglise."

André Vingt-Trois défend Benoît XVI :

André Vingt-Trois est également revenu sur le sermon du prédicateur du Vatican Raniero Cantalamessa, qui a osé un parallèle entre les attaques vers Benoît XVI et l’antisémitisme. "Je comprends qu’il y ait eu des réactions tout à fait violentes et indignées. Il s’est laissé entraîner à une surenchère qui ne produit rien de bon. Si Cantalamessa voulait lire la lettre de son ami juif, c’était très bien, il n’avait pas besoin de renchérir pour se lancer dans un développent sur l’antisémitisme", a estimé le président de la conférence des évêques français.

Puis l’archevêque a une nouvelle fois défendu Benoît XVI, présent lors du prêche, et qui n’a pas réagi aux propos du prédicateur. "Il n’est pas de tradition que le Pape se lève au milieu d’un sermon pour dire qu’il n’est pas d’accord", a rappelé André Vingt-Trois. "Cette position a été corrigée immédiatement par le porte-parole du Vatican qui a dit que ce n’était pas la position du Saint-Siège."

André Vingt-Trois sur le parallèle avec l'antisémitisme :

Enfin, André Vingt-Trois s’est prononcé contre l’interdiction totale de la burqa en France. "Dans une période où nous avons à accueillir un certain nombre de migrants de différentes cultures et de différentes religions, il ne me semble pas que la première urgence pour la République est de se préoccuper de la manière dont s’habillent les gens", s’est justifié l’archevêque, avant de préciser : "Que la règlementation définisse des lieux où il est nécessaire de voir les visages des personnes, c’est tout à fait normal. Mais il ne faut pas d’interdiction globale, universelle, qui signifierait que la République a décidé de réglementer la vie personnelle des gens dans tous ses recoins."

D’autre part, "une loi d’interdiction totale aurait comme contre-effet négatif de durcir les gens qui essayent de faire de la burqa un moyen de prosélytisme. Ce serait tomber dans un piège", a encore déclaré André Vingt-Trois.

André Vingt-Trois sur la burqa :