Une association proche de l'Opus Dei relaxée

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BP avec AFP , modifié à
L'Acut était poursuivie pour "travail dissimulé" et de "rétribution contraire à la dignité".

Ni "travail dissimulé", ni "rétribution contraire à la dignité". L'Acut, une association proche de l'Opus Dei, ainsi que deux membres de l'organisation catholique, ont été relaxés jeudi par le tribunal correctionnel de Paris des faits de travail illégal pour lesquels ils étaient poursuivis. Plusieurs de ses écoles hôtelières étaient à l'origine de cette procédure. Des parties civiles qui ont annoncé leur intention de faire appel. 

Entrée à l'oeuvre en 1987 de force, Catherine Tissier avait enchaîné treize ans de contrats de travail au sein d'organismes ou associations (dont l'Acut) qui "dépendaient exclusivement de l'Opus Dei", selon elle. Durant toutes ces années, elle a dit devant le tribunal les 22 et 23 septembre avoir nettoyé, rangé et servi tous les jours de 7h à 21h, sept jours sur sept sans jamais prendre de vacances ni être correctement rétribuée.

"Travailler tout le temps pour rien"

"Une numéraire auxiliaire, c'est quoi ? C'est une femme laïque, qui réside dans des conditions austères et travaille toute sa vie, elle n'a pas de contrat de travail, elle ne peut pas sortir du centre sans" être accompagnée. Sa raison de vivre : "Travailler tout le temps pour gagner rien ou pas grand chose", avait plaidé son avocat, Me Rodolphe Bosselut.

Durant l'audience des 22 et 23 septembre, la défense de son côté s'était évertuée à convaincre la 31e chambre correctionnelle que le dossier n'avait rien à voir avec l'organisation catholique. "Le droit du travail a été totalement ignoré", avait alors estimé le procureur Flavie Le Sueur, avant de requérir 30.000 euros d'amende contre l'Association de culture universitaire et technique (Acut).

Son avocat, Me Thierry Laugier, avait répondu que l'Acut était "complètement autonome de l'Opus Dei". Il lui reconnaissait seulement "un partenariat pour des activités à caractère spirituel". Francis Baer, le trésorier de l'Acut, avait pourtant confirmé qu'il avait habité un temps au siège parisien de l'Opus Dei.

"Fissurer un peu la loi du silence"

Quant à la paie, avait dénoncé Flavie Le Sueur, elle était "versée sur son compte bancaire, mais ses chéquiers étaient à disposition de ses employeurs": "des sommes importantes ont ainsi été versées à une imprimerie", sans l'accord de Catherine Tissier.

Me Bosselut s'était réjoui que ce procès ait permis de "fissurer un peu (...) la loi du silence". La veille, plusieurs témoins s'étaient succédé à la barre pour dénoncer l'emprise "sectaire" de l'Opus Dei sur certains de ses membres.

"Je n'ai rien à me reprocher et pourtant je culpabilise d'être restée là-bas", avait déclaré Anne-Cécile R., un témoin. "On était sous l'emprise, on faisait ce qu'on nous disait de faire mais on ne posait pas de questions. On ne pouvait pas décider. (...) On était bonnes à travailler."